En Loire-Atlantique, la situation en matière de violences faites aux femmes ressemble à celle des autres départements : des sollicitations moins nombreuses de la part des femmes, mais des situations que l'on sait très compliquées et peut-être plus sévères. Il nous faudra les appréhender après cette crise, lorsque nous pourrons reprendre un semblant de vie sociale normale.
Les associations m'indiquent que des femmes avaient anticipé le confinement en les contactant pour recueillir des renseignements sur les heures d'ouverture et sur ce qu'elles pouvaient faire en cas de problème. Cela explique peut-être qu'il y ait actuellement moins de sollicitations de la part des femmes.
On peut éventuellement aussi expliquer cette baisse par le fait que sur les 150 femmes accompagnées depuis le 17 mars, 70 % étaient déjà connues des associations car elles les avaient déjà appelées. Les associations s'attendent néanmoins, après le confinement, à une recrudescence des saisines, qu'il s'agisse de leur nombre ou de la gravité de problématiques que l'on pourrait qualifier d'« enkystées », en lien avec des situations familiales complexes.
Les interventions qui s'effectuent en ce moment se font dans un contexte très difficile, car la crise sanitaire rend les contacts avec l'Agence régionale de santé (ARS) ou le CHU extrêmement compliqués.
Sur la question de l'IVG soulevée par Laurence Rossignol et beaucoup d'entre nous, le délai entre la première consultation et l'intervention elle-même est désormais, en Loire-Atlantique, de dix à quatorze jours - onze à quinze jours à Nantes -, contre une semaine avant le confinement. On se retrouve donc, dans ce contexte de crise, avec des délais légaux dépassés.
En ce qui concerne l'opération Masque 19, les pharmaciens ont appris par la presse qu'ils allaient être mis à contribution avec le dépôt d'affichettes dans leurs officines. L'accueil est très favorable, mais les pharmaciens ont en quelque sorte été mis devant le fait accompli et ne savaient pas ce qu'ils devaient faire pour répondre à la demande d'une femme victime de violences. C'est donc la mairie de Nantes qui se charge de faire le tour des pharmacies afin de leur donner les informations nécessaires, notamment sur le centre Citad'elles qui accueille et informe les femmes victimes de violences et leurs enfants dans notre territoire.
La crainte est l'afflux de demandes de prises en charges qui va inévitablement se produire à la fin du confinement : cette anticipation d'une recrudescence des besoins en sortie de crise pose évidemment la question des moyens. J'ai posé la question à la délégation départementale aux droits des femmes de Loire-Atlantique, qui ne dispose à ce stade d'aucune information sur le million d'euros supplémentaire annoncé par la secrétaire d'État.