Intervention de Laurence Rossignol

Réunion du 23 avril 2020 à 19h00
Loi de finances rectificative pour 2020 — Vote sur l'ensemble

Photo de Laurence RossignolLaurence Rossignol :

Vous avez raison, monsieur le rapporteur, c’était la nuit dernière. Ces deux amendements ont été déposés sur l’initiative de sénatrices et de sénateurs de la délégation aux droits des femmes, puis repris par différents groupes et votés sur toutes les travées. Ils visaient à alimenter des fonds, l’un pour les victimes de violences faites aux femmes, et l’autre pour l’aide à la parentalité et les violences faites aux enfants.

Ces amendements sont tous deux passés à la trappe. Ils n’ont pas résisté aux assauts du Gouvernement et de la majorité En Marche à l’Assemblée nationale lors des travaux de la commission mixte paritaire.

Monsieur le rapporteur, je regrette qu’ils n’aient pas été davantage défendus par le Sénat, peut-être parce que les montants n’étaient pas suffisamment importants pour qu’on y attache tant d’intérêt. J’espère que c’est cela, et que ce n’est pas le contenu, ou le sens de ces amendements qui étaient en cause. Vous ne les avez même pas évoqués précédemment dans votre rapport sur les travaux de la commission mixte paritaire, parmi les abandons et les renoncements.

Ces amendements avaient une pertinence : ils reprenaient des engagements pris par les deux membres du Gouvernement chargés de ces dossiers. Ils avaient pour objet de traduire dans le budget la parole des gouvernants. Au-delà du contenu des amendements, le refus qui nous a été opposé soulève une question de sincérité.

Monsieur le secrétaire d’État, pour réussir le déconfinement, vous aurez besoin de la confiance des Français. Et pour l’obtenir, il va falloir que vous soyez enfin sincère. Il va falloir que les Français fassent le lien entre vos engagements et vos actes, que les propos du Gouvernement ne soient pas à géométrie variable, qu’on ne nous explique pas, comme on l’a fait pour les masques et les tests, qu’ils ne servent à rien pour avouer ensuite qu’on n’en a pas, ou qu’on va déconfiner tout le monde le 11 mai, puis que le déconfinement se fera finalement sur la base du volontariat. Tout cela ne prépare pas bien le déconfinement.

Par le traitement qu’ils ont subi, ces deux amendements sont emblématiques d’une gestion de la crise sanitaire et de ses conséquences par la communication : on communique sur des chiffres, mais on ne les inscrit pas au budget, comme le fameux argent magique que vous avez dénoncé, monsieur le secrétaire d’État.

Pour ces raisons et pour d’autres qu’évoquera dans un instant mon collègue Patrice Joly, j’ai décidé de m’abstenir sur les conclusions de la commission mixte paritaire, alors même que j’avais voté en faveur du projet de loi cette nuit.

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