Ce débat n’est pas médiocre : comme toujours avec les élus communistes, deux pensées, donc deux stratégies s’affrontent – M. Savoldelli a eu raison de le souligner. Le Parlement, le Gouvernement sont là pour mener la controverse en essayant de comprendre les arguments des uns et des autres.
En somme, deux questions sont posées.
La seconde, un peu accessoire : faut-il supprimer les dividendes ou cela fragilisera-t-il l’économie de notre pays ? Le rapporteur général a répondu sur ce point. Au reste, monsieur Gay, on verra ce que vous direz des 20 milliards d’euros que nous ouvrons à l’Agence des participations de l’État pour entrer au capital de certaines entreprises, parfois pour les nationaliser – ceux qui me connaissent savent que cette idée n’est pas à mes yeux négative, quand bien sûr elle ne procède pas d’une idéologie.
Je ne dis pas qu’il ne faut pas prévoir des modérations et des conditions ; d’ailleurs, c’est ce que le Gouvernement a fait. Mais vous savez bien, monsieur le sénateur, que la suppression générale de la distribution des dividendes, touchés certes par des personnes très riches – je vous l’accorde bien volontiers –, mais aussi par de nombreux petits porteurs attendant parfois le complément d’une vie de travail – petits porteurs très nombreux dans certaines entreprises –, fragiliserait certaines grandes entreprises françaises, qui, dès lors, risqueraient d’être attaquées par d’autres entreprises, ce qui nous obligerait à mettre sur la table des milliards d’euros pour les soutenir. Je ne suis pas sûr que ce serait faire bon usage de l’argent public dans les quelques semaines qui viennent.
Je n’ai pas un amour fou pour la bourse, mais vous comprenez bien que nous ne pouvons pas risquer de fragiliser certaines de nos grandes entreprises. Quant aux excès, il faut les condamner et, comme l’a fait le Gouvernement, prendre des mesures pour les tempérer.
Je rappelle tout de même, monsieur Gay, que ne pas recourir au chômage partiel pénaliserait non pas les actionnaires, mais les salariés. Les aides directes de l’État – reports de charges, avances, prêts remboursables, prêts garantis – ne relèvent pas de l’accord qu’a signé le ministre de l’économie et des finances avec les entreprises de plus de 5 000 salariés.