Intervention de Amélie de Montchalin

Réunion du 29 avril 2020 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Europe et crise du covid-19

Amélie de Montchalin :

Madame la sénatrice Valérie Létard, nos concitoyens des territoires frontaliers ne seront pas les oubliés du déconfinement.

La frontière, qui était pour eux invisible, est subitement réapparue avec cette crise. Je sais le désarroi et la souffrance que cette situation a pu entraîner, en particulier pour les parents séparés qui ne peuvent plus traverser la frontière pour voir leurs enfants, les apprentis français qui ne peuvent plus aller travailler dans les entreprises allemandes et les familles qui ne peuvent plus rendre visite à leurs proches dans les hôpitaux.

Madame la sénatrice, il n’y a pas eu de fermeture complète des frontières et il ne doit pas y en avoir, conformément à l’objectif franco-allemand partagé par le Président de la République et la chancelière ; Jean-Yves Le Drian l’a redit tout récemment à son homologue, Heiko Maas.

Sur le plan local, je salue la mise en œuvre d’une coopération quotidienne entre les trois Länder frontaliers et la région Grand Est, dans le cadre aussi de la grande région qui associe la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne et la France, qui fonctionne très activement à l’échelon local.

Sur le plan national, Muriel Pénicaud, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et moi-même avons travaillé à garantir aux travailleurs frontaliers les mêmes droits qu’aux autres salariés et à neutraliser les effets de la crise sur leur régime social et fiscal.

Français et Allemands, nous partageons maintenant, avec aussi les autres pays voisins, un même objectif : nous donner les moyens d’une reprise de la vie économique et quotidienne, tout en garantissant un haut niveau de sécurité sanitaire.

Au nom de cette dernière exigence, des contrôles proportionnés et réciproques pourront être effectués pendant quelque temps encore. Ces derniers jours, j’ai réuni avec mon homologue allemand tous les acteurs de la coopération transfrontalière pour identifier précisément les difficultés ; sous l’autorité du Premier ministre, Laurent Nunez et moi-même travaillons à les résoudre. Je mène la même consultation avec les élus locaux frontaliers du Luxembourg, de la Suisse et de l’Italie.

Oui, madame la sénatrice, la coopération transfrontalière a valeur d’exemple pour la coordination européenne ; la France et l’Allemagne ont une responsabilité partagée pour la relancer et pour être le moteur du consensus européen au service de la reprise économique et, demain, du renforcement de l’autonomie stratégique européenne, clé pour nous relever de cette crise dont nous devons sortir ensemble et debout.

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