Intervention de Cédric Villani

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 9 avril 2020 à 9h40
Technologies de l'information utilisées pour limiter la propagation de l'épidémie de covid-19

Cédric Villani, député, premier vice-président de l'Office :

L'épidémie ouvre de très nombreuses questions et c'est pour cela que plusieurs notes ont été rédigées, sur différents thèmes. Comme l'état des connaissances évolue rapidement, des actualisations seront utiles.

La présente note doit bien préciser que les technologies de l'information doivent être combinées avec d'autres outils, qui eux-mêmes ne sont pas encore au point ; il apparaît par exemple que des tests sérologiques fiables - cette fiabilité nécessitant d'être précisément évaluée par un centre national de référence - ne seront pas disponibles avant la mi-mai. Tous les outils sont pour l'instant imparfaits. Or, si la strateìgie doit s'appuyer sur des modeÌles, ceux-ci doivent être alimentés par des données, ce qui commande en partie les outils neìcessaires et les deìcisions des pouvoirs publics.

L'Office doit délivrer un message très clair : on ne pourra rela^cher la garde que treÌs progressivement ; la strateìgie de sortie de crise neìcessitera de combiner de nombreux leviers (masques, tests, outils numériques, etc.), notamment pour reìagir rapidement si un nouveau deìpart d'infection se produit.

Le public attend une solution unique alors qu'il faut une combinaison de solutions. De plus, d'une semaine sur l'autre, le focus change : une fois sur les tests, une autre sur le traçage. En fait, nous aurons besoin de tous ces outils. La mise au point d'une méthode de traçage informatique demande encore au minimum deux semaines ; les équipes techniques doivent donc continuer à travailler et à anticiper. En effet, le feu vert final devra porter sur tous les outils neìcessaires, qui devront tous e?tre prêts et disponibles.

Une information a circulé selon laquelle 3 % de la population française seulement auraient été infectés. Il s'agit de conclusions tirées de modèles épidémiologiques qu'il faut prendre avec précaution car d'un groupe de chercheurs à l'autre, les résultats peuvent différer. Au Royaume-Uni, plusieurs groupes de scientifiques conseillent le gouvernement, de façon à ce que celui-ci prenne en compte l'incertitude scientifique.

Les comparaisons internationales sur l'épidémie sont intéressantes dès lors qu'elles sont contextualisées. On n'est pas certain de la fiabilité des données provenant de Chine ; la Corée du Sud a bénéficié d'une excellente organisation logistique et industrielle ; il en est de même de l'Allemagne, qui a certainement connu moins de situations de contamination massive que la France. On pourrait néanmoins rapprocher ces indications de pheìnomeÌnes entrevus lors de preìparation de la loi de programmation pluriannuelle de la recherche : il semble que l'efficacité de la réponse sanitaire puisse être corrélée à l'existence d'une strateìgie ambitieuse de recherche - même si la recherche n'est pas l'unique solution à la crise.

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