Intervention de Valérie Pécresse

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 6 mai 2020 à 11h50
Gestion de la crise du covid-19 et de l'après-crise en île de france — Audition de Mme Valérie Pécresse présidente de la région île-de-france en téléconférence

Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France et d'Île-de-France Mobilités :

Nous nous mettons en ordre de marche pour réussir le déconfinement car nous estimons que la crise économique qui suivra la crise sanitaire peut impacter énormément le pays. Réussir le déconfinement est donc une priorité. Cela passe, en Île-de-France, par la résolution du problème aigu que constitue le goulot d'étranglement des transports en commun. Avec les règles de distanciation sociale demandées par les autorités sanitaires, nous ne pourrons pas transporter les 5 millions de personnes que nous transportons habituellement. La capacité sera très réduite à l'instant T. Ainsi, un bus qui transporte 60 ou 80 personnes n'en transportera plus que 20, un métro qui transporte 700 personnes plus que 180, et un RER qui transporte 2 500 personnes plus que 800.

Nous avons proposé plusieurs mesures pour limiter l'arrivée des voyageurs dans les transports et accroître la capacité d'emport des lignes.

Nous avons d'abord demandé aux entreprises de maintenir le télétravail au maximum. Nous venons de signer une charte impliquant l'État, la région, Île-de-France Mobilités, les collectivités, les employeurs et les partenaires sociaux sur le maintien du télétravail en Île-de-France, afin de maintenir 100 % des salariés en télétravail la première semaine de déconfinement, 90 % la deuxième semaine et 80 % la troisième semaine.

Cette charte comprend également un engagement à lisser massivement les heures de pointe. J'espère qu'il s'agira d'un héritage positif de la crise que nous vivons. Aujourd'hui, nous ne savons pas remettre en cause nos habitudes d'arrivée et de départ du travail, qui sont essentiellement dictées par des contingences sociales. Les entreprises se sont engagées dans un processus de répartition égale : entre 6 h 30 et 10 h 30 pour l'arrivée des salariés, entre 15 h 30 et 19 h 30 pour leur départ. Cet étalement sera extrêmement profitable au système de transport. En répartissant ainsi les passagers sur des plages horaires beaucoup plus grandes, nous pourrons transporter davantage que 1,5 ou 2 millions de passagers par jour. Aujourd'hui, les transports en Île-de-France sont surtout bondés le matin entre 7 h 30 et 8 h 30.

La charte comprend aussi le principe de la mise en place d'une attestation employeur indiquant l'heure à laquelle le salarié est attendu dans son entreprise, et donc celle à laquelle il a le droit de prendre les transports en commun. Les employeurs et les partenaires sociaux signataires ont accepté que cette attestation puisse être contrôlée à l'entrée des gares et des stations de métro. Ce processus est contraignant, mais s'il est mis en place, nous pourrons envisager de transporter davantage de monde.

Nous avons deux préoccupations. La première est que l'Île-de-France ne se transforme pas en embouteillage géant parce que les usagers préfèreront leur voiture aux transports en commun. La seconde est que nous ne nous retrouvions pas avec des lignes ou des gares fermées. Ce serait un paradoxe, alors que nous avons maintenu ouvertes toutes les lignes RATP et SNCF pendant le confinement.

Il reste un certain nombre de questions qui devraient être rapidement arbitrées par l'État. Il s'agit notamment de l'attestation employeur, de sa validité et de son contrôle. Nous avons également besoin de renforts pour filtrer les entrées dans les gares et les stations. Les opérateurs de transport ont demandé le concours de 5 000 forces de sécurité. Nous pourrions nous diriger vers un nombre un peu moins élevé, les opérateurs devant alors avoir recours à des sociétés de sécurité privées. Ces renforts sont indispensables : il ne faudrait pas que des troubles à l'ordre public se produisent dans les gares.

La région Île-de-France travaille avec l'État et les gestionnaires de voirie sur un plan de centaines de kilomètres de pistes cyclables supplémentaires. Le vélo est une alternative aux transports en commun, notamment pour les petites distances. Île-de-France Mobilités a déjà mis en place une prime à l'achat d'un vélo électrique de 500 euros. Il existe également un service de location de vélo en longue durée.

Île-de-France Mobilités s'est énormément mobilisée pour que l'offre de transport revienne à 100 % le plus rapidement possible. Initialement, les opérateurs entendaient ne proposer que 50 % de cette offre le 11 mai. Nous avons obtenu que ce soit plutôt 70 % à la RATP - les lignes 1 et 14 seront assurées à 100 % et la ligne 13 à 80 %. La RATP et la SNCF nous indiquent pouvoir revenir à 100 % de l'offre de transports d'ici la fin du mois de mai. Le réseau de bus Optile pourra quant à lui proposer entre 80 et 90 % de son offre dès le déconfinement.

Un effort considérable a été accompli sur le nettoyage et la désinfection des lignes, des rames et des bus. Île-de-France Mobilités a investi 10 millions d'euros afin de pouvoir nettoyer les rames et les gares deux fois par jour. 500 personnes supplémentaires nettoieront les transports dans le cadre de brigades mobiles.

Le covoiturage est possible. D'après les autorités sanitaires, les distances barrières sont respectées si une personne s'assied à l'arrière de la voiture, dans la diagonale du conducteur. Île-de-France Mobilités mettra en place des aides très incitatrices afin de revenir au même niveau que durant les grèves, soit environ 20 000 covoitureurs.

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