Monsieur le Premier ministre, depuis le début de l’épidémie, les sénateurs ont eu la sagesse de ne pas entraver sans motif votre action, mais cette sagesse n’oblige pas au silence.
Vous avez fait des soignants des héros nationaux. Vous avez justifié vos décisions par des avis scientifiques. Mais ne soyons pas dupes : la parole des médecins a été muselée par la doctrine administrative. Les médecins ont été transformés en agents de l’État et la médecine libérale en médecine officielle.
Le 25 mars dernier, vous avez signé un décret qui a tué la liberté de prescrire : vous avez imposé des protocoles de soins et vous en avez méprisé d’autres. Pour cela, vous avez invoqué l’absence d’essais cliniques convaincants, face à des médecins de renom.
Alors, examinons ce qui est selon vous un essai clinique convaincant : je veux parler de Discovery, lancé le 22 mars dernier. La seule chose que Discovery aura permis de découvrir, c’est l’ampleur d’un fiasco. Alors que 3 200 patients européens étaient attendus, seuls 800 ont été péniblement recrutés en France et un seul au Luxembourg ! Cet essai est en effet tout à fait convaincant…
Pendant ce temps, vous avez incité les médecins à prescrire du Rivotril injectable dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) afin de dissimuler la pénurie d’autres produits. Tout médecin, et j’en suis, sait ce que cela signifie.
Monsieur le Premier ministre, vous avez contraint les médecins à violer leur serment d’Hippocrate. Par respect pour les 27 000 victimes de l’épidémie, quand allez-vous rendre aux soignants leur liberté de prescrire et redonner sa dignité à la médecine, en abrogeant le décret du 25 mars ?