Intervention de Martin Hirsch

Commission des affaires sociales — Réunion du 13 mai 2020 : 1ère réunion
Audition de M. Martin Hirsch directeur général de l'assistance publique — Hôpitaux de paris en téléconférence

Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) :

Les sénateurs et les députés sont les bienvenus dans tous nos hôpitaux, y compris à l'Hôtel-Dieu. S'agissant de cet établissement, je note que vos sources, madame Cohen, sont des urgentistes et non des réanimateurs. La décision de ne plus y pratiquer la réanimation a été prise avant ma nomination à l'AP-HP, pour un motif de non-respect des normes de sécurité. Mieux vaudrait rendre hommage aux équipes de l'Hôtel-Dieu, premier centre parisien pour les tests PCR, pour ce qu'elles font !

Nous avons ouvert un bâtiment au sein de l'hôpital Henri-Mondor et accéléré le calendrier sans transiger sur les conditions de sécurité. J'ai répondu aux quinze allégations contenues dans le courrier dont vous avez parlé, madame la sénatrice, en expliquant que le reproche de mauvaise prise en charge des patients n'était pas étayé. Je n'ai pas dit que tout était parfait. Il n'était pas facile pour des étudiants en médecine ou des élèves infirmiers d'apporter leur concours dans de telles conditions, mais ils l'ont fait remarquablement, encadrés et accueillis par des professionnels plus expérimentés. Cette expérience marquera durablement leur esprit et j'espère qu'elle aura pour effet positif le renforcement de la notion d'équipe.

Vous m'interrogez, madame Cohen, sur les mesures qui peuvent être prises en faveur des personnels, après m'avoir accusé, comme Charlie Hebdo, d'être le fossoyeur de l'hôpital public et de ne pas respecter ceux qui y travaillent. Il y a trois ans, j'ai évoqué publiquement le problème de la rémunération des paramédicaux en France en général, et en Île-de-France en particulier, à une époque où vos rapports n'en faisaient pas mention. Je l'ai redit devant vous. J'ai partagé les études de l'OCDE allant en ce sens, et plaidé pour une révision des modalités de rémunération. Il faut peut-être revoir les éléments du statut de l'après-guerre, et s'adapter aux aspirations des professionnels aujourd'hui. Je n'ai pas changé de discours avec la crise du Covid. Mon propos est simplement davantage audible. Le moment est venu de prendre des mesures adaptées à la situation de chaque profession.

Vous souhaitez favoriser la promotion professionnelle - j'adhère pleinement à cette idée. Actuellement, une aide-soignante qui exerce son métier depuis quinze ans doit s'arrêter pendant trois ans pour suivre une formation d'infirmière, qui coûte 200 000 euros - beaucoup plus qu'un MBA dans une école de commerce ! Mais on pourrait faire autrement : elle pourrait, pendant son activité professionnelle, faire des gestes d'une plus grande technicité et valider son exercice professionnel pour sa formation... Réduire le coût sans diminuer la qualité est possible, afin de former davantage de personnes. Nous sommes partants pour nous engager dans cette voie. Nos personnels sont demandeurs et nous pouvons le faire dès maintenant. J'ai sollicité des mécénats pour financer la formation professionnelle. Cet enjeu n'est ni catégoriel ni idéologique : il est vital et surtout réalisable.

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