Intervention de Bernard Nordlinger

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 16 avril 2020 à 9h35
Audition en visioconférence des membres du groupe de travail de l'académie nationale de médecine sur les scénarios de sortie de crise de l'épidémie de covid-19

Bernard Nordlinger, membre de l'Académie nationale de médecine :

a confirmé que BlueDot, une start-up créée lors de l'épidémie de H1N1, avait décelé une augmentation des cas de pneumonie dans un marché de poissons à Wuhan en décembre, en utilisant des techniques d'intelligence artificielle pour exploiter des données des autorités chinoises ; elle les a ensuite croisées avec celles de compagnies aériennes pour prédire le développement de l'épidémie. Ces « signaux » ont été rendus publics en décembre, plusieurs semaines avant que les autorités chinoises admettent officiellement l'existence d'un problème. Cela suggère qu'une telle méthode permettrait de détecter de futures épidémies. Une ou deux entreprises américaines travaillent dans le même sens.

S'agissant de la remontée de données vers le Health Data Hub pour démontrer l'efficacité d'un traitement, l'idéal est de procéder à des essais cliniques de phase 3, qui mobilisent un groupe traité et un groupe non traité. Mais en raison du tapage médiatique qui s'est développé autour de certains médicaments, les gens refusent souvent de donner leur consentement pour être placés dans un groupe témoin. Une autre méthode consiste à utiliser des données déjà disponibles. En France, les données de sécurité sociale constituent une immense richesse et le Health Data Hub va faciliter l'accès à celles-ci. Dans le cadre de la crise actuelle, il serait intéressant d'étudier si, pour les malades affectés par le virus, on peut identifier des éléments favorables chez ceux ayant reçu certains médicaments, ou aggravant pour d'autres. Il faudrait pour cela que les données des hôpitaux soient intégrées. Or, cela prend à peu près trois mois actuellement. On n'aura donc pas d'information exploitable provenant des hôpitaux avant juin 2020. Des démarches ont été engagées pour accélérer ce processus, mais les hôpitaux ne transmettent pas tout de suite, les médecins sont pour l'instant occupés à autre chose qu'à remplir des formulaires, etc. Malheureusement, nous allons devoir attendre avant de pouvoir exploiter ces données rétrospectives pourtant présentes dès aujourd'hui.

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