Intervention de Bernard Charpentier

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 16 avril 2020 à 9h35
Audition en visioconférence des membres du groupe de travail de l'académie nationale de médecine sur les scénarios de sortie de crise de l'épidémie de covid-19

Bernard Charpentier, membre de l'Académie nationale de médecine :

est convenu que les établissements de soins éprouvent les plus grandes difficultés pour fidéliser les infirmières en réanimation. Ce sont les seuls postes où l'on constate un turn over de 30 % à 50 % au bout de dix ans. Cette déperdition considérable est due à la faiblesse des salaires et aux difficultés intrinsèques du métier. Sur le plan politique, il semble acquis que ces catégories de personnel bénéficieront d'une amélioration du statut et des salaires. Mais il ne faudrait pas oublier les aides-soignantes, qui assurent la présence au pied du lit des malades.

Il faut rappeler que les horaires des services de réanimation médicale ou chirurgicale prévoient des créneaux de douze heures d'affilée. Le rythme imposé actuellement est tout simplement infernal et le travail accompli dans ce contexte très difficile doit être salué.

En second lieu, il faudra revoir la politique française en matière de lits de réanimation. En Allemagne, il y avait 30 % de lits de plus qu'en France au début de l'épidémie. Comme la réanimation coûte cher, une vision comptable s'était imposée, à cause de laquelle il a fallu rouvrir tout à coup des lits - qui étaient d'ailleurs des lits de soins intensifs transformés en lits de réanimation. De plus, les malades qui présentent des anomalies pulmonaires telles qu'ils doivent demeurer sous ventilation pendant plusieurs semaines ont souvent des difficultés à reprendre une fonction respiratoire normale. Cela présage peut-être de l'apparition de maladies chroniques post-Covid, imposant par exemple une rééducation de ces malades dans des services dédiés, même si rien n'est encore sûr à ce stade.

En troisième lieu, l'Italo-Américain Mauro Ferrari vient de démissionner du Conseil européen de la recherche, quatre mois seulement après avoir été nommé à la tête de cette instance, qui gère l'emploi de 100 milliards d'euros. Après les deux mandats de Jean-Pierre Bourguignon, à qui Mauro Ferrari avait succédé, peut-être pourrait-on nommer de nouveau un Français. La décision revient aux États membres. Patrick Couvreur, pharmacien franco-belge, membre de l'Académie des sciences, de l'Académie de médecine et de l'Académie de pharmacie, serait un excellent candidat.

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