Intervention de Didier Marie

Commission des affaires européennes — Réunion du 6 mai 2020 à 11h45
Économie finances et fiscalité — Réponses des pays européens aux conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire - communication de m. didier marie par téléconférence

Photo de Didier MarieDidier Marie, rapporteur :

Tout d'abord, sur les 3 400 milliards d'euros consolidés de l'effort européen, 2 500 milliards relèvent du soutien de liquidité. Il s'agit donc d'une action défensive pour éviter que l'économie européenne, et celle de chacun des États membres, ne s'écroule. Je partage l'analyse d'André Gattolin sur la nécessité d'un plan de relance. Les deux actions - soutien de la liquidité et plan de relance - sont déconnectées. Le plan de relance nécessite un endettement important de la part de l'Union européenne et des États membres, estimé à 10 % du PIB européen. L'audition de Thierry Breton a été l'occasion d'un échange portant sur qui emprunte et qui rembourse le crédit. L'absence de consensus entre les États membres sur ce point devra être réglée lors des prochaines réunions du Conseil européen. Certains États proposent soit la mise en place de coronabonds, soit celle d'un fonds spécifique de relance qui s'appuierait sur un endettement à long terme, avec pour corollaire un accroissement des ressources propres de l'Union européenne pour rembourser les emprunts. Un plan de relance reposant uniquement sur un accroissement du déficit des États membres et leur endettement ne serait pas viable. Il entraînerait l'accroissement des inégalités internes à l'Europe et mettrait en péril le marché intérieur. Aujourd'hui, l'Allemagne et plus largement les pays du nord ont la capacité de soutenir leurs économies et de préparer la relance. Inversement, l'Italie, l'Espagne ou le Portugal, qui ont accumulé de grandes fragilités, de même que la Grèce et Chypre, ne sont pas en capacité de se refinancer sur les marchés financiers et d'investir massivement. Toutefois les recettes d'exportation de l'Allemagne seraient menacées par l'affaiblissement du marché européen, qui absorbe aujourd'hui l'essentiel de sa production. De mon point de vue, il est donc nécessaire de mutualiser la mise en oeuvre de la relance, via une mutualisation de la dette et un accroissement des ressources du budget européen.

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