Intervention de Catherine Dumas

Réunion du 19 mai 2020 à 14h30
Perspectives de la saison estivale notamment pour les activités touristiques et culturelles au regard de la situation liée à l'épidémie — Conclusion du débat

Photo de Catherine DumasCatherine Dumas :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, j’ai participé au comité interministériel du tourisme, réuni jeudi dernier, et je me réjouis que ce débat nous ait permis de faire le point sur les mesures annoncées et, surtout, de mettre en lumière les interrogations et les inquiétudes qui demeurent, pour de nombreux professionnels touchés de plein fouet par la crise sanitaire.

Comme l’a souligné notre collègue Michel Raison, la plupart des dispositions prises par le Gouvernement rejoignent les recommandations formulées par la cellule de veille et de contrôle de la commission des affaires économiques du Sénat, qui a procédé à des dizaines d’auditions et recueilli les retours de nombreuses entreprises de proximité sur tout le territoire

Nous préconisions, notamment, l’élargissement et la prolongation du fonds de solidarité et du chômage partiel, ainsi que le remplacement des reports de charges par leur exonération, afin de sauver la trésorerie des entreprises. Compte tenu du manque de visibilité sur le maintien de ces dispositifs, certains professionnels considèrent ce plan comme inachevé.

De nombreuses activités liées au tourisme sont menacées. Je veux prendre pour exemple l’œnotourisme, filière touristique à part entière, qui cumule les difficultés liées au manque de main-d’œuvre et à l’absence de touristes. Je demande au Gouvernement d’intervenir pour étendre, à cette filière, les dispositifs d’aides d’urgence.

Vous le voyez, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, à l’issue de notre débat, de nombreux points restent encore à éclaircir.

Les difficultés du secteur des transports ont été évoquées, avec, notamment, la question du remboursement des vols annulés. Notre pays, qui a choisi d’autoriser la pratique des avoirs pour protéger la trésorerie des compagnies aériennes, est en infraction avec la réglementation communautaire. Je compte donc sur le Gouvernement pour obtenir une solution à l’échelon européen, pour l’ensemble des compagnies.

Nous avons évoqué la visibilité dont tous les acteurs locaux ont besoin pour anticiper la période estivale. Le Premier ministre a fixé au 2 juin le futur point d’étape. Nous sommes bien conscients de l’incertitude liée à l’évolution du contexte sanitaire, mais les professionnels ont d’ores et déjà besoin de dates, pour constituer des stocks, recruter des saisonniers et assimiler les normes qu’ils devront respecter. Chaque jour qui passe se traduit par des pertes énormes.

Ainsi, les cafés et restaurants, qui attendent l’autorisation de reprendre leur activité, s’inquiètent à juste titre des mesures envisagées par le Gouvernement. Ils ont proposé, sous l’autorité de Sébastien Bazin, un protocole sanitaire, remis en cause, pour le moment, par le ministère de la santé. Le respect d’un périmètre de quatre mètres carrés autour de chaque client est-il réaliste ? Prendre les transports en commun me semble autrement périlleux ; pourtant, c’est le quotidien de nombreux Français, qu’ils soient en zone verte ou en zone rouge.

Sur tous ces sujets, nous avons besoin de bon sens, de clarté.

À ce titre, on peut regretter le flou ayant entouré la réouverture de certains lieux culturels. Depuis le 11 mai dernier, les « petits » musées et les « petits » monuments ont pu rouvrir ; les grands restent fermés. Cette distinction vague me semble peu justifiée, dès lors que de grands musées, tels ceux de la capitale, envisagent de mettre en œuvre des dispositifs drastiques de protection des visiteurs.

Certaines expositions sont annulées, faute de connaître la date où elles pourraient être reportées. De même, les théâtres et les cabarets ne peuvent mettre en place leur saison, ce qui affecte l’ensemble d’une filière déjà éprouvée par les grèves contre la réforme des retraites.

Autre incohérence, signalée pendant ce débat : à l’inverse des parcs animaliers et des aquariums, dont la réouverture est possible, même en zone rouge, sur décision du préfet, les parcs d’attractions n’ont aucun horizon. La plupart de ceux-ci travaillent pourtant en plein air et ont déjà prévu un protocole sanitaire ; j’ai bien entendu votre réponse sur le Puy du Fou.

Sont également en attente les festivals, dont on a parlé. Il existe aujourd’hui plus de 6 000 festivals en France, dans le domaine musical – plus de la moitié d’entre eux –, mais aussi dans le domaine du cinéma, de la littérature ou de la danse. Bien plus de la moitié de ces festivals étaient programmés entre le 16 mars et fin août ! Les rassemblements de plus de 5 000 personnes sont interdits jusqu’en septembre ; qu’en sera-t-il des festivals de dimension plus réduite ?

Sur tous ces sujets, il y a urgence, et les prochaines semaines seront décisives.

Lors de ce débat, nous avons tous, dans cet hémicycle, voulu montrer combien l’ensemble du territoire est concerné. Par sa géographie, son patrimoine et ses savoir-faire, notre pays, la France, est la première destination mondiale pour le tourisme. Aujourd’hui, ce que nous devons défendre, c’est cet art de vivre que le monde nous envie, l’ADN français.

Nous devons bien entendu être au rendez-vous pour la saison 2020, mais aussi pour les années qui viennent. Nous serons donc très vigilants sur le troisième projet de loi de finances rectificative, annoncé pour la mi-juin.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion