Intervention de Stéphane Ravier

Réunion du 19 mai 2020 à 14h30
Modalités de réouverture des établissements d'enseignement conditions d'organisation des concours et examens et préparation de la prochaine rentrée scolaire — Débat interactif

Photo de Stéphane RavierStéphane Ravier :

En affirmant, le 11 mai dernier, qu’il y avait plus de risque à rester chez soi qu’à aller à l’école, vous avez, monsieur le ministre, définitivement cassé ma boussole !

La réouverture des établissements, depuis le 11 mai, s’est faite selon le même style hasardeux : l’impréparation pour la sortie de confinement a fait suite à l’impréparation pour l’entrée en confinement, sans aucune concertation avec les collectivités locales. Il eût été plus pertinent et plus efficace de coupler une stratégie globale avec une approche locale.

Les résultats sont là : soixante-dix cas confirmés de contamination dans les écoles depuis le 11 mai, plus de cinquante écoles de nouveau fermées… Les parents n’ont pas confiance dans le dispositif actuel et une majorité d’élèves ne sont pas retournés à l’école, le spectre du syndrome de Kawasaki planant sur nos enfants.

Par ailleurs, 5 % des élèves n’ont pas été joignables par leurs professeurs durant le confinement. En voulant instituer des « vacances apprenantes » pour empêcher le décrochage scolaire, l’éducation nationale se condamne à se transformer en centre aéré pour l’été…

La situation dans ma ville est d’autant plus critique que les élèves, à Marseille, ne craignent pas seulement le virus : ils ont surtout peur que le plafond leur tombe sur la tête, qu’il n’y ait pas d’eau courante, que la chaleur les étouffe en été ou que le froid les fasse grelotter en hiver !

Je me suis opposé à la réouverture des écoles à Marseille, car, en tant qu’élu local, j’étais bien placé pour savoir qu’elle ne pouvait pas se faire dans les conditions adéquates ; cela s’est confirmé.

La réouverture n’a pas non plus permis aux parents de retourner au travail, puisque seuls 500 des 20 000 élèves des quartiers nord ont fait leur retour en classe. On ne compte plus les bidons de gel hydroalcoolique dépourvus de pompe ni les thermomètres qui ne fonctionnent plus – mais cela, je vous l’accorde, n’est pas de votre responsabilité.

Puisque vous avez choisi de vous défausser sur les maires, une trentaine d’entre eux sur cent dix-neuf, dans mon département, ont décidé de ne pas rouvrir les écoles. Ils ont peur pour les enfants, pour le personnel, pour les parents, mais aussi pour eux-mêmes, car c’est le maire qui sera tenu pour responsable si un seul enfant, enseignant ou agent municipal est contaminé !

Vous avez menti à tous les Français, et maintenant vous vous cachez derrière les maires de France. C’est simple : le jour où l’on n’aura besoin de rien, on saura que l’on peut compter sur vous !

En attendant, les Français et leurs maires, le pays réel, se débrouillent, comme d’habitude, pour faire tourner la France, prouvant ainsi que, même dans la plus grande adversité, tout peut être relevé, à condition d’être en phase avec la réalité.

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