Intervention de Hervé Fernandez

Mission d'information Illectronisme et inclusion numérique — Réunion du 18 mai 2020 : 1ère réunion
Audition de Mm. Christian Janin président et hervé fernandez directeur de l'agence nationale de lutte contre l'illettrisme anlci en téléconférence

Hervé Fernandez, directeur de l'ANLCI :

Pour que la lutte contre l'illettrisme puisse être engagée, il nous fallait être au clair sur une définition commune du phénomène, partagée par tous ceux qui, en la matière, peuvent faire quelque chose. Il est bien sûr possible d'agir à tous les âges de la vie et sur tous les fronts, dans les entreprises par exemple. Néanmoins, aucun dispositif, si bien conçu soit-il, ne pourra venir à bout de l'illettrisme : pour le résorber, il faut tarir la source, donc prévenir le problème en agissant le plus tôt possible, au niveau de l'école et, en même temps, proposer, dans le cadre de la formation professionnelle, toutes les solutions possibles de réacquisition des savoirs de base.

L'illettrisme est défini via un seuil au-dessus duquel une personne est considérée comme n'étant pas en situation d'illettrisme, ce qui exclut du champ, par exemple, les personnes qui comprennent une consigne au travail. C'est cette définition qui a permis à l'Insee de mesurer le problème. Il n'existait pas, avant la création, au début des années 2000, de la Journée d'appel de préparation à la défense, désormais Journée défense et citoyenneté (JDC), d'enquête nationale mesurant la performance des personnes. Nous ne disposons donc d'aucun chiffre pour ceux qui étaient adultes avant le début des années 2000. Nous pouvons désormais objectiver et susciter une prise de conscience : les pouvoirs publics et ceux dont c'est le métier sont en mesure d'intégrer le problème de l'illettrisme dans les dispositifs qu'ils déploient.

La lutte contre l'illectronisme appelle la mobilisation de tous, et non d'un seul réseau dédié, et ne saurait se limiter à l'école et à la formation professionnelle - nous le voyons par exemple dans nos coopérations avec Uniformation, l'opérateur de compétences (OPCO) de l'économie sociale, qui accompagne les entreprises adhérentes dans les transitions numériques. Les entreprises doivent investir dans les compétences de base pour prévenir le risque d'illectronisme.

Dans la lutte contre l'illettrisme, notre stratégie était de réunir des données chiffrées pour réunir ensuite des partenaires autour d'une définition commune. Reste qu'une telle stratégie exige d'être matérialisée, incarnée, organisée. Or notre agence est très modeste - elle compte, à Lyon, douze salariés. Ce n'est pas une agence de moyens : elle ne subventionne aucune place de formation. Notre tâche est d'identifier les manques pour que les ministères, les collectivités, les entreprises, puissent intégrer cette problématique dans leurs actions.

Définir, mesurer, poser un diagnostic, nous l'avons fait ; établir un annuaire ou un panorama de ce qui existe, nous l'avons fait également, au niveau régional, échelon stratégique en matière d'éducation et de formation professionnelle. La régionalisation des plans de prévention et de lutte contre l'illettrisme et les chiffres de la JDC nous donnent des indications. Mais nous devons encore réussir à faire bloc au niveau national en construisant la coalition appelée de ses voeux par le président Christian Janin. L'existence d'une mosaïque d'acteurs complique les choses mais c'est aussi une richesse, et l'occasion d'agir davantage, à condition, bien sûr, de définir une méthode. Le GIP ANLCI est bien plus une méthode de travail qu'un organisme dont la vocation serait de faire des choses à la place de ceux dont c'est le métier. Notre mission est de faire s'asseoir autour de la table tous ceux qui souhaitent régler le problème de l'illectronisme.

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