Madame la sénatrice, c’est quelque chose, Renault ! C’est un fleuron de notre histoire industrielle, de notre histoire économique, de notre histoire sociale aussi, à bien des égards. C’est un groupe international grâce à l’alliance mondiale qu’il a su construire et défendre avec Nissan et Mitsubishi. C’est un groupe enraciné dans notre pays.
Vous avez cité Flins dans les Yvelines ; je pourrais, moi, parler de Sandouville, en Seine-Maritime. Je me réjouis d’ailleurs que ce site puisse fonctionner de nouveau le 22 mai prochain.
L’État étant actionnaire de ce groupe, vous imaginez bien qu’il y est extrêmement attentif.
Nous constatons deux choses, qui ont la force de l’évidence.
D’abord, le secteur automobile, et c’est le cas partout dans le monde, pas seulement en France, connaît un coup de frein, si vous me permettez cette expression, massif, brutal et inédit.
Vous l’avez rappelé les ventes de Renault pour le mois d’avril ont diminué de l’ordre de 75 % à 80 % : c’est du jamais vu. Tout laisse à penser que les ventes ne devraient pas être excellentes non plus au mois de mai. C’est vrai pour Renault, comme pour tous les autres constructeurs, à des degrés divers, mais dans des ordres de grandeur assez similaires.
Ensuite, personne ne le conteste – c’était déjà dans l’air avant la crise que nous connaissons –, il est nécessaire que Renault, comme d’ailleurs tous les acteurs industriels, singulièrement dans le secteur automobile, poursuive, accélère, approfondisse ses opérations de transformation et d’adaptation, parce que la compétition dans le secteur automobile est féroce, parce que les transformations de produits doivent être rapides, compte tenu de l’électrification, des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, parce que la culture automobile doit s’adapter aux exigences des temps nouveaux, si vous me permettez ces grands mots, mais c’est tout de même bien de cela qu’il s’agit.
Renault doit d’abord renforcer l’Alliance. C’est un enjeu vital. L’entreprise doit ensuite adapter ses modèles, son organisation aux circonstances que nous connaissons, renforcer sa compétitivité. C’est un effort qui doit toujours être assumé, consenti, car on disparaît rapidement du marché automobile si on n’est pas compétitif.
Renault, dont les coûts fixes sont considérables, comme pour toute grande entreprise industrielle d’ailleurs, doit aussi sécuriser ses capacités d’investissement. Sans recettes, faute de ventes, la sécurisation de sa trésorerie et de ses capacités d’investissement devient un enjeu majeur. L’État, vous l’avez dit, est au rendez-vous pour l’accompagner.
Je pense que le constructeur – je ne suis pas directeur de la stratégie de cette entreprise, je ne suis pas son président – doit formuler un plan non pas défensif, mais offensif. Il est toujours mieux en de telles circonstances de franchir plus vite encore les étapes que l’on prévoyait de franchir plutôt que d’essayer de défendre le plus longtemps possible une position qui serait en vérité intenable.
Nous serons extrêmement attachés à la préservation du site France et des sites français ; nous serons même intransigeants à cet égard. Renault est une entreprise mondiale, c’est vrai, mais sa marque française est évidente.
Nous veillerons à ce que la France demeure le centre mondial, pour Renault, de l’ingénierie, de la recherche, de l’innovation et du développement. Vous savez, dans les Yvelines, combien il est précieux de garder une capacité à préparer l’avenir.
Nous serons extrêmement attachés, tout comme, je pense, le président de l’entreprise, à la qualité du dialogue et de l’accompagnement social. Personne ici ne met en doute, me semble-t-il, l’attachement du président de Renault au dialogue et à l’accompagnement social dans le cadre de la stratégie qu’il convient d’adopter et des décisions qui doivent être prises. C’est sous ce prisme que nous étudierons les propositions du constructeur.
Vous avez évoqué des informations relatives à un plan qui n’a pas encore été présenté. Il m’est donc difficile, et vous le comprendrez parfaitement, madame la sénatrice, d’évoquer ce plan dans le détail, sachant qu’il n’est en outre probablement pas encore arrêté.
Je tiens toutefois, en réponse à votre question, à rappeler notre attachement au site de Flins, qui représente en effet quelque chose dans le fonctionnement de l’entreprise et qui doit, dans toute la mesure du possible, être préservé, parce qu’il est important, parce que nous sommes attachés aux sites en France et parce que l’entreprise a certes la responsabilité d’avancer, de se transformer, d’expliquer ses nécessaires évolutions, mais aussi celle de tenir compte des réalités du pays qui l’accueille et qui, d’une certaine façon, la fait vivre.