Intervention de Cédric Villani

Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques — Réunion du 30 avril 2020 : 1ère réunion
Examen d'un projet de note sur la modélisation épidémiologique au service de la lutte contre l'épidémie de covid-19

Cédric Villani, député, premier vice-président de l'Office :

a confirmé que le nombre de 700 000 tests par semaine annoncé par le Gouvernement correspond à la capacité souhaitée pour tester 3000 cas suspects par jour ainsi que leur entourage. Pour chaque cas confirmé, la famille, les collègues, les personnes croisées récemment doivent être testés. Les personnes testées positives devront rester confinées chez elles ou à l'hôtel. C'est la doctrine pratiquée dans quasiment tous les pays.

Engager une campagne massive de tests virologiques, « à l'aveugle », n'est pas pertinent car cela n'offre aucune garantie que les chaînes de contamination sont brisées ; à la limite, il faudrait la recommencer à brève échéance et sur une base régulière. Même les pays qui contrôlent bien l'épidémie ne vont pas jusque-là. Un dépistage ciblé, accompagné de tests dans les hôpitaux et les EHPAD, suffit. La bonne stratégie est en effet « tester pour isoler ».

Au demeurant, le test virologique n'est pas une sinécure : il est assez inconfortable et nécessite des précautions pour éviter les « faux négatifs ». L'entreprise Abbott, l'une des plus importantes sur le marché, a indiqué que ses capacités s'élèvent à 70 000 tests par semaine, soit 10 % du total à assurer au niveau national. Il y a donc un effort important à fournir pour arriver à la capacité de test souhaitée par le Gouvernement. Par ailleurs, le statut sérologique des individus ne peut être déterminé de façon fiable qu'à trois conditions : le test doit avoir à la fois une bonne sensibilité et une bonne spécificité, le prélèvement doit être effectué au bon endroit et, en matière de test sérologique, des incertitudes devront être levées sur le fait que les anticorps détectés sont efficaces et en quantité suffisante.

Le témoignage dont il a été fait état à l'instant est très éclairant. Il rejoint d'ailleurs des témoignages similaires récents. Une société doit pouvoir affronter certaines réalités et sortir des non-dits : lorsqu'un malade est affecté de plusieurs pathologies graves, le placer en réanimation peut parfois relever davantage de l'acharnement, voire de la maltraitance, que de soin. Certaines personnes insistent d'ailleurs pour mourir chez elles, plutôt que d'aller à l'hôpital pour un simple mois de vie supplémentaire.

Nous devons être fiers de tous les parlementaires qui participent en première ligne au combat contre le virus.

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