Monsieur Rioux, de nombreux petits entrepreneurs français - boulangers, restaurateurs, responsables d'agences de voyages ou de filiales - travaillent à l'étranger. Ils sont le fer de lance de notre présence économique hors de nos frontières, mais ils sont les grands oubliés de cette crise qui les a, sinon ruinés, du moins mis en grande difficulté. Ils n'ont reçu aucune aide, en tout cas en Afrique. J'ai proposé qu'ils puissent bénéficier du fonds de solidarité aux petites entreprises de 7,5 milliards d'euros, mais mon amendement est tombé sous le couperet de l'article 40. L'AFD peut les aider, notamment grâce à Proparco et à Expertise France : nous comptons sur vous.
J'en viens aux questions émanant du groupe Les Républicains. Lors d'une précédente audition, le 22 mai 2019, nous vous avons fait part de notre inquiétude de voir l'AFD pilotée par Bercy, alors que l'aide publique au développement est un levier essentiel de notre diplomatie d'influence et que la concurrence internationale est rude.
Aujourd'hui, il faut également considérer l'AFD comme holding. Comment comptez-vous préserver l'identité et la spécificité d'Expertise France ? Comment permettre l'évaluation concrète de la politique d'aide au développement et une transparence maximale des investissements dans les structures bancaires internationales, alors que nous y partageons des boards avec des pays qui n'ont pas du tout les mêmes valeurs que nous, qu'il s'agisse de la liberté, de l'égalité, notamment entre les hommes et les femmes, ou de l'écologie ?
Créée en mai 2016, la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII) incarne bien la fiduciarisation de l'aide publique mondiale au développement. Elle dénombre plus de cinquante-sept pays actionnaires. À l'origine, des coopérations étaient prévues : comment l'AFD se place-t-elle face à cette banque ? Lors des négociations, l'instauration de procédures pour les appels d'offres était, comme la transparence, un point d'achoppement entre les représentants du Trésor français et leurs homologues chinois. Où en sommes-nous concrètement ? Globalement, quel bilan dressez-vous, notamment au regard des projets d'investissement en Chine, troisième bailleur mondial ?
En Afrique, la France a procédé à des annulations de dettes afin d'anticiper et d'amortir la crise. Cette initiative est bien sûr la bienvenue. Mais, en Europe, le partage de dettes fait l'objet d'âpres négociations diplomatiques. Quel montant représentent ces annulations et quelles en sont les conséquences financières pour la France ?