À l'interrogation de Mme Élisabeth Lamure sur l'engagement affirmé des grands groupes d'intégrer durablement la RSE dans leur stratégie, qui trancherait avec les PME et leurs représentants ayant moins tendance à exprimer publiquement cet engagement, M. Gilles Bon-Maury a rappelé que les grands groupes ont depuis longtemps des obligations de reporting RSE, des notations RSE par les agences de notation, quand les PME - qui sont pourtant les entreprises les plus naturellement enclines à établir des relations de confiance avec leurs écosystèmes - n'ont pas les mêmes outils, les mêmes obligations ni les mêmes moyens. Il s'agit du cas de figure répandu de la « RSE sans le savoir » de nombreuses PME qui établissent des liens avec les territoires et les parties prenantes, en amont et aval de la chaine de valeur. Un des leviers du développement de la démarche RSE des PME, plébiscité par la Plateforme RSE, est l'établissement de labels sectoriels s'appuyant sur les branches. En effet, dès lors qu'il s'appuie sur les branches et donc sur les métiers de l'entreprise, un label permettra de comprendre, de mesurer et de comparer les démarches RSE des PME. On peut avoir tendance à penser que les dispositifs de la loi PACTE sont réservés aux grandes entreprises cotées sur les marchés financiers, mais cela n'est pas exact car certaines branches ont commencé des démarches RSE concernant des PME et des TPE. Ainsi par exemple les instituts de beauté ou les spas - qui sont en majorité des PME -, comme les entreprises de propreté, s'organisent en ce sens. Il est d'autant plus important qu'elles le fassent elles-mêmes que cela permet d'éviter l'écueil des donneurs d'ordres, qui sont souvent des grands groupes et qui peuvent faire rejaillir sur les PME et TPE des exigences RSE inadaptées issues de leurs propres donneurs d'ordre.
Questionnée sur les reconversions, Mme Jolly a assuré que France Compétences allait engager un travail d'identification des formations qui permettraient une reconversion ou concerneraient des secteurs prioritaires dans la relance gouvernementale (dont les contours ne sont pas encore dessinés mais qui le seront en septembre). Aujourd'hui, l'investissement en compétences et le CPF sont déjà orientés vers les jeunes qui ne sont ni en formation ni en emploi et les personnes en emploi ou au chômage les moins qualifiées ; il s'agira de reconsidérer les orientations du dispositif car les plans d'investissement dans les compétences ont été mis en place avant la crise du covid-19, dans un contexte de difficultés de recrutement, d'identification de métiers émergents et de métiers en transformation. Il est désormais question de définir des compétences issues de certains métiers et transférables dans d'autres. Il s'agissait déjà d'une demande dans l'industrie, qui va aujourd'hui être élargie pour trouver plus généralement des compétences valorisables d'un métier à l'autre et établir une cartographie des compétences.
Interrogé sur les relations entre France Stratégie et Pôle emploi, M. de Margerie a indiqué que les deux structures travaillaient beaucoup ensemble et que Pôle emploi était d'ailleurs intervenu dans le cadre de la dernière réunion du Conseil d'Orientation pour l'Emploi (COE) pour présenter les dispositifs mis en place dans le cadre de la gestion de crise, et qui ont été très rapides et innovants. Il a expliqué qu'il existait des relations régulières entre les équipes d'études, ainsi que des projets en commun dans le cadre d'un partenariat régulier et important. Mme Jolly a ajouté qu'elles travaillaient ensemble pour la définition du « score d'exposition sectorielle » qui permettra la mise place de plans de formation dans les secteurs les plus impactés par la crise actuelle. Les deux structures travaillent également main dans la main dans le cadre du groupe de travail « prospective, métiers et qualifications » et du groupe de travail sur les compétences (intra-métiers). Ces travaux communs ont notamment pour objectif de déterminer les compétences mobilisées de manière conjointe : par exemple, l'utilisation du numérique va de pair avec les mathématiques. Enfin, elles travaillent à objectiver la présomption de proximité de compétences, qui existe en particulier pour certains métiers ayant tendance à évoluer vers d'autres métiers. L'existence d'une telle cartographie permettrait d'établir une proximité entre ces métiers et peut-être de lever des freins à la mobilité, pouvant venir des salariés ou des employeurs, qui se verraient ainsi rassurés.
La réunion est close à 18 h 30.