Monsieur le président, madame la garde des sceaux, madame, monsieur les secrétaires d’État, mes chers collègues, limiter la propagation de l’épidémie en cassant les chaînes de transmission est un impératif auquel nous souscrivons. En revanche, recourir à une application de suivi des contacts rapprochés est un choix très discutable.
Sur le plan de l’efficacité, tout d’abord, la théorie pure et parfaite sur laquelle se fonde application est, indépendamment même de la question du volontariat, difficilement transposable à la réalité des Français : elle nie l’exclusion numérique, résultant soit de la couverture inégale de notre territoire, soit de l’équipement en smartphones de la population, qui est loin d’être de 100 % – pour cette dernière raison, plus de 20 % des Français sont d’office exclus du dispositif, en majorité des populations à risque. Bref, vous vous apprêtez à mettre en place un système qui, d’avance, est très difficilement opérationnel.
Ensuite, la génération de données de santé en transit dans le cloud comporte un risque important de vol de ces données. Ce sont la vie privée des utilisateurs et leurs données personnelles et de santé qui sont en jeu ! Le piratage n’est pas une vue de l’esprit : à n’en pas douter, toutes ces données suscitent d’ores et déjà des convoitises, que vous semblez ignorer. Rien de ce qui est sur nos smartphones n’est anonyme ou secret…
Le risque pesant sur la sécurité informatique d’une telle application me conduit à cette question : pouvez-vous garantir que le système ne sera pas hacké ?