Madame la présidente Primas, j’aurais été déçu si vous ne m’aviez pas interrogé sur ce sujet – il faut dire que la situation s’y prête…
Sur le fond, vous avez raison : ce qui s’est passé est inadmissible. De fait, aujourd’hui, nous n’avons pas les moyens juridiques de contraindre Apple et Google à modifier leur attitude dans ce qui s’apparenterait, si nous étions dans le champ commercial, à un abus de position dominante. C’est à peu près de cela qu’il s’agit : « Vous me proposez une innovation, je vais la faire moi-même et vous obliger à passer par mon système »… Mais comme ce sont des États qui développent et qu’il n’y a donc pas d’intérêts commerciaux, la situation n’entre pas dans cette classification.
Reste que cette expérience apporte de l’eau au moulin de tous ceux, dont vous faites partie, qui dénoncent une situation oligopolistique et un marché fermé sur des infrastructures qui pourraient s’apparenter à des infrastructures essentielles.
Nous en avons débattu voilà quelques mois, lors de l’examen de la proposition de loi dont vous avez parlé. J’avais expliqué, en effet, que nous préférions agir au niveau européen, pour des raisons évidentes.
Or le Digital Services Act – excusez ces termes anglais – devrait passer d’ici à la fin de l’année à la Commission européenne. La France veillera à ce qu’il comporte des dispositions importantes sur la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles, pour employer une expression assez générale.
En raison de la crise du Covid, la Commission européenne a envisagé de décaler ce texte à l’année prochaine ; la France a beaucoup pesé pour qu’il soit maintenu cette année, ce qui vient d’être confirmé.
Soyez assurée, madame Primas, que la France fera tout pour que les enjeux de régulation des géants de l’internet soient inclus dans ce texte. S’ils devaient ne pas l’être, je pense que nous en reparlerions à l’échelon national. Dans l’immédiat, laissons l’année se terminer et laissons sa chance à l’Europe.