Il nous est difficile de mesurer la part de la Chine dans la réponse internationale à la crise dans les pays du Sud. Il est certain qu'elle est présente, et la France doit également l'être. Certaines zones géographiques font l'objet de propositions chinoises, comme de celles d'autres pays, à côté des bailleurs de fonds internationaux. Nous devons en prendre conscience dans l'analyse de nos réponses.
L'AFD est bien en peine de pouvoir répondre à la question des pénuries. Nous disposons de réseaux d'alerte et de préparation à des catastrophes naturelles ou sanitaires, et nous essayons de le faire, avec les plateformes d'intervention régionale de la Croix-Rouge, qui disposent de stocks prépositionnés à La Réunion, afin de rayonner dans l'ensemble de l'océan Indien. En matière de pénuries, les outre-mer à proprement dits font face à des problématiques de sécurité civile ou de santé relevant directement des hôpitaux. Nous nous inscrivons davantage dans une perspective de financement des investissements à long terme. L'aide qu'il faudra apporter aux hôpitaux pour se préparer à de prochaines épidémies apparaît aujourd'hui beaucoup plus centrale que par le passé. Les outre-mer devront faire l'objet de dispositifs spécifiques. La métropole connaît pour la première fois une épidémie de cette ampleur, alors que les outre-mer ont subi l'impact du chikungunya il y a une quinzaine d'années, ou de la dengue régulièrement.
Vous avez raison de rappeler la nécessité que des réponses soient apportées dans chacun des pays. Le Plan de développement France-Comores (PDFC) n'est du reste nullement mis en sommeil, bien au contraire. Nous prévoyons toujours d'intervenir massivement, et nos instances examinent de nombreux projets. L'envoi de personnel sur place est cependant quelque peu ralenti, mais cette situation n'est que temporaire. Rien n'a été interrompu. Nous avons cependant envisagé à la marge de réallouer certains fonds à une réponse plus directe à la crise sanitaire. Pour le reste, l'AFD ne modifiera pas fondamentalement son programme d'activités. L'AFD a par ailleurs lancé l'initiative « Santé en commun », qui réalloue une partie des fonds sur des réponses directes ou indirectes à la crise du Covid-19. Néanmoins, il ne s'agit que d'une part de l'intervention de l'AFD. Les moyens ne font pas défaut. Le problème auquel nous faisons face réside dans l'impossibilité des maîtrises d'ouvrage locales de mettre en oeuvre ces projets, car ces pays sont encore confinés. Les projets seront ainsi reportés à l'année suivante, mais certainement pas abandonnés.
En ce qui concerne les grands projets à Mayotte, il n'appartient pas à l'AFD de répondre, puisque nous n'avons pas encore été sollicités pour ceux que vous avez mentionnés. Je ne crois cependant pas qu'ils soient mis en sommeil à cause de la crise sanitaire. Il me semble au contraire que celle-ci pourrait constituer un accélérateur. Un plan de relance de la commande s'appuierait sans doute sur des priorités qui avaient été établies précédemment. Nous insisterons sans doute bien davantage sur une croissance résiliente et durable.