Intervention de Carine Sinaï-Bossou

Délégation sénatoriale aux outre-mer — Réunion du 23 avril 2020 : 1ère réunion
Étude sur l'urgence économique en outre-mer — Audition de Mme Carine Sinaï-bossou présidente de l'association des chambres de commerce et d'industrie des outre-mer acciom

Carine Sinaï-Bossou, présidente de l'ACCIOM :

Nous avons conçu au sein de la Chambre de commerce et d'industrie de la Guyane, suite à la demande des socio-professionnels, un document détaillant les améliorations nécessaires des mesures gouvernementales et prévoyant des scénarios pour l'après-confinement. Il va être communiqué à nos parlementaires, deux sénateurs et deux députés, ainsi qu'au président de la collectivité de Guyane. Toutes les entreprises guyanaises ont été consultées et ont approuvé ce document.

Nous aimerions aussi partager ce document avec les CCI des autres départements et territoires ultramarins pour l'améliorer et pour en faire un document commun. Beaucoup de nos demandes rejoignent en effet les demandes des autres outre-mer. C'est ainsi le cas s'agissant de la simplification, des cotisations sociales et fiscales... Comme pour la Guyane, beaucoup de territoires sortent à peine de différentes crises : les gilets jaunes à La Réunion, l'ouragan Irma aux Antilles... Nous essayons de multiplier les spots publicitaires sur les mesures d'aide économique, qui sont encore méconnues par beaucoup d'entreprises.

Concernant la pêche en Guyane, nous avons des fonds mais il manque des associations de pêcheurs pour bénéficier des aides. Outre le BTP et le tourisme, la pêche est vraiment un secteur qui peut relancer nos économies, et qui participe en plus à l'autonomie alimentaire. À l'heure actuelle, notre territoire a pu se nourrir grâce au fret et c'est bien dommage. Nous sommes trop dépendants des importations. À l'inverse, La Réunion et la Nouvelle-Calédonie sont, je pense, les territoires les plus autosuffisants des outre-mer.

Concernant le tourisme, je suis tout à fait d'accord avec vous. Le tourisme est un secteur clé. Nous aimerions cependant avoir des réponses claires. À la fin du confinement, les métropolitains pourront-ils venir dans les Antilles ? Si oui, devront-ils respecter une quatorzaine ? Si une quatorzaine est imposée, on voit difficilement l'intérêt de passer pendant ses vacances 14 jours enfermé dans un hôtel... Il faut donc qu'on nous donne des perspectives. Si le tourisme franco-français est possible, tant mieux ! Si on a des assurances sur l'abandon des quatorzaines après le confinement, alors en effet il faudra lancer des campagnes de publicité pour le tourisme dans nos territoires.

Pour les Antilles, il ne faut pas oublier qu'une période cyclonique suivra le déconfinement. Les difficultés vont continuer, d'autant plus que le secteur touristique va perdre sa clientèle étrangère, qui est très importante pour certains territoires. Je pense donc qu'il faudra prolonger les mesures d'aide après le déconfinement. Le chômage partiel devrait être en place jusqu'au dernier trimestre 2020. De même pour le prêt garanti par l'État. Certains impôts devraient être annulés et pas seulement pendant la période des 3 mois mais jusqu'à la fin de la crise sanitaire. Nous avons besoin de visibilité ! Il devrait aussi y avoir une exonération des charges sociales (hors cotisations salariales) du 15 mars au 31 décembre 2020.

On nous annonce des reports de charges pour dans trois mois. Mais actuellement dans le secteur touristique, le chiffre d'affaires est équivalent à zéro. Dans trois mois, celui-ci n'aura probablement pas évolué et les entreprises ne pourront pas payer ces charges.

Nous sommes favorables au déconfinement et nous souhaitons que les activités touristiques redémarrent plus tôt qu'en métropole. La Nouvelle-Calédonie a d'ailleurs déconfiné depuis cette semaine, les écoles ont rouvert et l'hôtellerie et la restauration devraient rouvrir très prochainement. Il n'y a pas d'hiver dans nos territoires, nous n'avons pas besoin d'être à l'intérieur, les uns sur les autres. Ne pourrait-on donc pas rouvrir les services de restauration, quitte à les limiter à des services de 20-30 personnes, avec un respect de distance entre eux ? Du fait des spécificités de nos territoires, le secteur touristique devrait pouvoir redémarrer plus tôt qu'en métropole.

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