Merci aux rapporteurs. Mon tempérament ne me conduit pas habituellement à dramatiser, mais je suis assez surpris du peu d'échos que suscite ce jugement. Compte tenu de la gravité de la crise en cours, la Cour de Karlsruhe joue avec le feu. Mais ce n'est pas tout à fait accidentel. Cela affaiblit la BCE et peut aussi inquiéter les marchés. Or notre force dans cette crise, c'est la stabilité de l'euro.
Cette situation pose la question de l'intégration monétaire, économique, budgétaire. Ce débat est surprenant... mais pas autant qu'il semble : car l'Allemagne, quand il y a du déficit, préfère l'arme budgétaire à l'arme monétaire.
Il y a quelque chose de paradoxal dans ce jugement : lors de la création de l'euro, l'un des points non négociables pour Helmut Kohl était l'indépendance de la BCE, sur le modèle de la Bundesbank. Or ce jugement vient heurter cette indépendance. La force de la BCE provient pourtant de son indépendance - même si tout le monde n'a pas toujours été sur cette ligne en France. Nous pouvons nous réjouir que la chancelière ait réagi. Car dans cette crise - économique, sociale mais heureusement non monétaire -, la force de la BCE est essentielle.