Comme ancien DGS, comment évaluez-vous le positionnement de l'Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus) et de Santé publique France par rapport au ministère de la santé pour la définition et la mise en oeuvre de la constitution de stocks nationaux stratégiques de produits de santé ? Certes, le ministère décide en dernier ressort le niveau des stocks d'État. Mais au cours des dix dernières années, n'y a-t-il pas eu une insuffisante prise en compte des alertes de l'Eprus puis de Santé publique France sur le niveau suffisant de ces stocks pour répondre à une catastrophe sanitaire ?
Après la grippe H1N1, la question d'un stock de masques perd de son importance stratégique, notamment en raison des critiques sur le niveau excessif des stocks nationaux de produits de santé. En 2016, la dilution de l'Eprus dans Santé publique France n'a-t-elle pas abouti à une moindre prise en compte de ces stocks de masques ?
La DGS a abandonné la cible de 1 milliard de masques chirurgicaux, avec un stock d'appoint de 100 millions de masques. Cela se fondait en partie sur l'idée que l'appareil productif national et les circuits internationaux d'approvisionnement traditionnels, notamment avec la Chine, seraient suffisants pour fournir la France en cas de besoin. Cela n'a pas fonctionné. Les circuits internationaux d'approvisionnement étaient perturbés, et la production nationale était largement sous-dimensionnée. N'aurait-il pas fallu s'assurer plus tôt de la réactivité de notre appareil de production national de production de masques FFP2 pour garantir une production continue ? L'État n'aurait-il pas dû pérenniser les protocoles conclus en 2005 et 2006 avec les producteurs nationaux, et des commandes importantes de masques FFP2 ?