Madame la sénatrice Sonia de la Provôté, je comprends votre question, car, sur l’ensemble du territoire, de nombreux médecins font part de leur émoi et de leurs questionnements.
De quoi parlons-nous ? Le Premier ministre et moi-même l’avons déjà dit à plusieurs reprises au cours des dernières semaines, la consommation de certains médicaments anesthésiques a augmenté de 2 000 %. Elle demeure très élevée dans certaines régions du monde, notamment le Brésil et les États-Unis, où l’épidémie fait rage. Les consommations de médicaments de réanimation sont priorisées par les grands laboratoires internationaux pour sauver des vies, ce que l’on peut comprendre.
Nous mettons tout en œuvre, semaine après semaine et jour après jour, pour reconstituer un stock national qui nous permette de voir loin, dans l’hypothèse d’une augmentation de l’épidémie, et de faire bénéficier les patients d’opérations chirurgicales réglées et programmées, comme c’est habituellement le cas dans notre pays.
Un médicament pose problème, le propofol, que l’on ne peut pas fabriquer du jour au lendemain, car ses matières premières sont très rares à l’échelle mondiale. Tous les pays font face à cette pénurie, qui complexifie énormément la situation. Je remercie d’ailleurs de leur patience les chirurgiens, qui sont contraints de reporter une partie de leur reprise d’activité.
Je sais qu’il existe des disparités territoriales. La réquisition dont vous parlez correspond plutôt à une gestion nationale du stock et des commandes. Celle-ci vise, premièrement, à sécuriser les commandes à l’international passées auprès de très gros laboratoires qui font face à une demande explosant partout sur la planète. Il s’agit, deuxièmement, de gérer les stocks de façon rigoureuse pour reconstituer notre capacité nationale de réponse, au cas où se produirait de nouveau un afflux de malades en réanimation, et pour permettre à chaque établissement d’assurer tout ou partie de son activité chirurgicale.
Hélas, madame la sénatrice, pour ce qui concerne le propofol, la situation ne reviendra pas à la normale avant plusieurs semaines. Il faudra attendre cet été pour que reprenne une chirurgie programmée à 100 %. Néanmoins, s’agissant de l’anesthésie locorégionale, de la chirurgie d’urgence et de la chirurgie carcinologique, l’activité se poursuit ; elle n’a d’ailleurs jamais été suspendue, y compris pendant la période épidémique.
Je vous prie de croire que nous mettons tout en œuvre pour sécuriser les commandes et importer massivement ces produits.
Votre question touche à des problématiques que nous avons déjà abordées dans cette enceinte : l’autonomie de la France et de l’Europe concernant ces médicaments absolument indispensables et vitaux. Nous ne devons pas reproduire les erreurs du passé !