Intervention de Viviane Artigalas

Réunion du 3 juin 2020 à 15h00
Quelles nouvelles politiques publiques à destination de la jeunesse dans la prise en charge des conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire — Débat interactif

Photo de Viviane ArtigalasViviane Artigalas :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, puisque nous débattons des nouvelles politiques publiques qu’il conviendrait de mettre en place pour aider les jeunes face à cette crise sans précédent, je voudrais aborder la question de la fracture numérique.

On croit à tort que l’illectronisme et l’exclusion numérique ne frappent que nos aînés. Grossière erreur ! Certes, un jeune entre 18 et 24 ans maîtrisera peut-être l’usage des réseaux sociaux sur son téléphone portable, mais cela n’implique pas pour autant qu’il sache naviguer correctement sur un site de l’administration publique ou une plateforme de réservation ni qu’il sache effectuer une recherche efficace sur internet pour s’informer sans être victime de fake news.

La crise du Covid-19 a particulièrement mis en lumière d’importantes inégalités dans l’accès aux outils numériques et dans leur utilisation, singulièrement chez les jeunes. Pour les étudiants, le confinement a entraîné une rupture : les cours ont dû être suivis à distance, les ressources en ligne privilégiées et l’aide des professeurs a pu, le cas échéant, s’avérer plus difficile à obtenir.

Ce sont les élèves issus de milieux défavorisés qui ont fait les frais de cette distanciation pédagogique. Bénéficiant de conditions de vie moins confortables, d’une connexion internet parfois défaillante, ils connaissent les plus grandes difficultés pour étudier ou préparer leurs concours.

D’après une étude sur l’école à la maison durant le confinement, 24, 3 % des parents d’origine modeste jugeaient leur équipement et leur accès internet insuffisants contre 17 % des familles plus aisées. Les chiffres sont encore plus marquants en ce qui concerne le sentiment de compétence informatique : 45 % des parents des classes supérieures se sentent tout à fait capables de répondre aux exigences techniques numériques de l’école à la maison contre seulement 31 % des parents appartenant aux classes populaires.

Face à la nécessité d’avoir au quotidien accès aux outils numériques, que ce soit dans sa vie professionnelle, privée ou citoyenne, cette inégalité numérique est un symptôme de toutes les autres inégalités sociales que connaissent certains de nos concitoyens, voire un facteur aggravant particulièrement inquiétant chez les jeunes. Sachant que près de 20 % de ces derniers, par manque de maîtrise, renoncent à faire une démarche administrative sur internet, à envoyer un mail important ou à faire un achat, on comprend que l’illectronisme n’est pas qu’une question de manque d’équipement performant. On observe de la même manière de nombreuses inégalités dans d’autres domaines pour cette tranche d’âge.

Réduire cette fracture est un objectif essentiel des politiques publiques, car les inégalités numériques en engendrent d’autres. Il ne sert à rien de distribuer des tablettes aux étudiants si l’on n’intègre pas la formation à ces outils dans la scolarité obligatoire. Monsieur le secrétaire d’État, quelle est votre réponse face à ce défi de société ?

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