Intervention de Sylvie Robert

Réunion du 3 juin 2020 à 15h00
Quelles nouvelles politiques publiques à destination de la jeunesse dans la prise en charge des conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire — Conclusion du débat

Photo de Sylvie RobertSylvie Robert :

Madame la présidente, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, il me revient la lourde tâche de conclure. Je veux d’abord vous remercier, mes chers collègues, d’avoir participé à ce débat et d’avoir posé des questions absolument essentielles.

Si notre groupe a souhaité mettre en lumière la question de la jeunesse, c’est parce que nous considérons que c’est un sujet essentiel. Nos échanges l’ont montré, en situation de crise, les jeunes paient toujours un lourd tribut et sont durement frappés. Comme le disait Patrick Boucheron sur une radio de service public – vous l’avez peut-être entendu ce matin –, faisons en sorte que cette génération ne soit pas sacrifiée.

Les jeunes sont fragilisées à plus d’un titre. Tout d’abord, à titre individuel, ils sont le réceptacle indirect et presque mécanique des dommages causés par la crise, singulièrement sur leurs parents. La période de confinement a fragilisé la jeunesse et produit de nombreuses fractures.

Ces fractures sont d’abord éducatives. Le nombre de décrocheurs a augmenté. La mise en œuvre d’un nombre important de mesures sera nécessaire pour les rattraper. La semaine dernière, nous avons évoqué les doctorants qui ont arrêté leur thèse et les étudiants. Les efforts ne devront pas peser sur les établissements, grâce à une véritable solidarité nationale.

Ces fractures sont aussi numériques. Ma collègue Viviane Artigalas en a parlé, il s’agit d’une fracture numérique globale, qui n’est pas limitée au domaine de l’éducation. Nous le savons, derrière ce problème, se cache également la question de l’accès aux droits.

Ces fractures sont aussi économiques et sociales. Je ne reviendrai pas sur les pertes d’emploi des étudiants, des apprentis et des stagiaires, qui ont ainsi vu se tarir une source de revenus substantielle.

Enfin, ces fractures sont civiques et culturelles. Ainsi, de nombreux festivals ont été annulés et leurs bénévoles ne sont plus sollicités. Ces moments d’insertion dans les manifestations et, plus généralement, dans la société disparaissent de fait.

Monsieur le secrétaire d’État, vous avez annoncé un plan de relance en faveur de la jeunesse. Dont acte. Vous avez esquissé certaines pistes, soulignant que plusieurs points n’étaient pas encore tranchés, des dispositifs nouveaux devant être proposés avant l’été. Nous les attendons avec beaucoup d’impatience ! Mes collègues ici présents seront très vigilants sur leur portée.

Forcément, ces dispositifs seront généraux, mais aussi spécifiques pour les plus vulnérables. Ils seront nécessairement mis en place dans le cadre d’un accompagnement éducatif. Je pense au « oui si » pour les étudiants en licence, qu’il faudra renforcer, éventuellement par des périodes de remédiation. L’accompagnement devra également être financier et social. Nous avons évoqué les 200 euros. Ne conviendrait-il pas de reconduire rapidement cette mesure, peut-être en élargissant son périmètre ?

Il faudra aussi soutenir les Crous, qui ont beaucoup œuvré. Veillons à ce qu’ils ne soient pas fragilisés à la rentrée. Une prolongation exceptionnelle des bourses sera sans doute nécessaire pour les mois de juillet et d’août, avec une stabilisation de leur montant par échelon.

Il faudra encore renforcer l’accompagnement médico-social et relancer la mobilité des jeunes.

Monsieur le secrétaire d’État, vous avez évoqué l’insertion des jeunes par l’emploi. Le rétablissement du dispositif d’aide à la recherche du premier emploi, qui a été supprimé en 2018, fera-t-il partie des mesures que vous prendrez ?

Vous vous êtes également arrêté sur l’apprentissage. Les mesures seront annoncées demain. Attendons donc ! Il faudra aussi prévoir une aide financière à destination des jeunes qui veulent entreprendre, car il sera difficile pour eux de se réinsérer dans le marché du travail.

Expérimentons, en attendant le revenu universel d’activité de 2023, dont Mmes Brulin et Féret ont parlé. Allons-y, il faut aider les 18-25 ans !

Bien sûr, je n’oublie pas l’urgence en matière de logement, question particulièrement importante.

Il faudra aussi développer le service civique, peut-être en déployant les crédits dédiés au service national universel, Jacques-Bernard Magner l’a dit et redit.

Sûrement faudra-t-il aussi relancer, monsieur le secrétaire d’État, les emplois aidés, surtout dans les quartiers prioritaires, comme le disait ma collègue Annie Guillemot. Il y a là un vrai sujet.

En conclusion, pour reprendre les mots de Pierre Bourdieu, « la jeunesse n’est qu’un mot », mais c’est une promesse et nous devons nous montrer à la hauteur, car il s’agit d’une ressource formidable. Nous attendons, monsieur le secrétaire d’État, que vous soyez au rendez-vous, car la jeunesse a déjà montré, par son engagement et sa solidarité, qu’elle est pour nous un atout indispensable.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion