Ce que l'on sait des violences conjugales en milieu rural, c'est qu'elles sont aussi nombreuses qu'en milieu urbain, et que les femmes des milieux ruraux s'adressent davantage aux médecins qu'aux associations, moins présentes dans les territoires ruraux. Nous devrons évaluer si le dispositif de relais des pharmacies, mis en place au début du confinement, a fonctionné dans les milieux périurbains et ruraux ; on suppose que peu d'officines ont finalement participé à ce dispositif car les pharmaciens n'ont pas été véritablement formés à l'accueil de ces femmes et, comme pour tout nouveau dispositif, il faut parfois un peu de temps avant que les choses fonctionnent.
Je pense que si les pharmaciens bénéficiaient de formations - initiale et continue -que l'on doublait par l'apposition d'affichettes dans les officines, leur rôle à l'égard des victimes de violences pourrait se développer. Toutes les pharmacies disposent d'un lieu de confidentialité dans lequel la victime pourrait être mise à l'abri en attendant l'arrivée des secours, ou pour l'orienter vers le 3919 si elle a besoin d'information et de conseils. Les pharmaciens peuvent intervenir sans sortir de leur compétence si la victime veut parler à quelqu'un. Dans les milieux ruraux, souvent la femme n'a pas de voiture, ce qui limite son autonomie de déplacement. De plus, la séparation peut être compliquée si les ex-conjoints sont tous les deux agriculteurs, dans un espace de travail commun. La pharmacie est un lieu de proximité qui me paraît tout à fait approprié, comme le cabinet médical, pour permettre à la victime de se signaler.