Intervention de Laurence Cohen

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 20 mai 2020 : 1ère réunion
Audition de Mme Ernestine Ronai responsable de l'observatoire des violences envers les femmes de seine-saint-denis et de M. édouard duRand juge des enfants au tgi de bobigny co-présidents de la commission « violences de genre » du haut conseil à l'égalité

Photo de Laurence CohenLaurence Cohen :

Je tiens à remercier Mme Ronai et M. Durand pour leur implication et leurs propos.

L'hébergement des conjoints violents dans des chambres d'hôtel est un dispositif très important. Cette période de confinement a eu des conséquences dramatiques mais des dispositifs intéressants ont émergé. J'espère qu'ils vont perdurer.

En ce qui concerne le dispositif mis en place dans les pharmacies, mon bilan est plus contrasté. Je continue à penser que c'est une très bonne idée, mais il semblerait qu'il y ait peu de retours alors que, paradoxalement, mais il faudra le vérifier, les dispositifs installés dans les centres commerciaux - je parle de mon département du Val-de-Marne - semblent avoir mieux fonctionné. Il apparaît que les femmes se sont plus facilement approprié ce dispositif, car l'accueil y était assuré par des personnes formées à l'écoute et à l'accompagnement des femmes victimes de violences par des associations spécialisées.

En ce qui concerne les violences commises dans le cadre familial à l'encontre des femmes et des enfants, j'ai été très intéressée, M. Durand, par vos propos, mais il faut remettre les choses dans leur contexte. Vous avez évoqué les évolutions qui ont laminé le droit de la famille. Je voudrais aussi souligner le recul, par exemple, de tout ce qui relève de l'analyse psychologique et psychanalytique. Paradoxalement, il y a une vraie vulgarisation de ces notions, mais je constate que nous sommes en retrait quand il s'agit de mobiliser les connaissances héritées de la psychologie quand on entre dans le champ des décisions concrètes - par exemple, un petit enfant peut-il être en résidence alternée avant l'âge de six ans ?

Le confinement a été un choc pour tout le monde, les enfants y compris. Toutes les sociétés savantes se sont prononcées pour qu'ils retournent à l'école, c'est-à-dire que le virus a été considéré comme moins dangereux pour les enfants que le danger psychologique qu'ils encouraient à cause du confinement - la peur, la tendance à un comportement violent. Certains enseignants ont vu revenir des enfants dans des états psychologiques un peu difficiles, liés par exemple à leur socialisation. Les gestes barrières et les recommandations de sécurité sanitaire empêchent les enseignants d'aller à la rencontre de ces enfants, dans un vrai rapport d'humanité. Je pense que cela va également avoir des incidences sur l'intrication entre la famille et l'école. D'où l'importance d'avoir un panel de professionnels de la justice et de la police à l'écoute, quand il y a présomption de violences psychologiques et physiques.

On peut dire que pour limiter les conséquences du décrochage scolaire, il faudrait un plan de rattrapage en septembre. Mais ne faudrait-il pas envisager aussi des accompagnements renforcés pour sécuriser les enfants ? Cette dimension de l'école est très importante. C'est ce qui me tient à coeur en ce moment.

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