Intervention de François Bonneau

Délégation aux entreprises — Réunion du 18 mai 2020 : 1ère réunion
Audition de M. François Bonneau président délégué de régions de france et président de la région centre-val de loire sur le rôle des régions dans la sortie de crise pour les entreprises en téléconférence

François Bonneau, président délégué de Régions de France et président de la région Centre-Val de Loire :

La crise actuelle montre bien que le néolibéralisme et le seul intérêt des mouvements capitalistiques ne sont pas tenables, car ils ne permettent tout simplement pas de répondre aux besoins humains. C'est particulièrement vrai dans le secteur pharmaceutique. Nous ne devons pas tomber non plus dans une logique d'économie administrée. En fait, il nous faut trouver un équilibre entre libéralisme échevelé et affirmation hors-sol du politique.

Pour cela, nous devons discuter avec les grandes multinationales du médicament ; j'ai eu à le faire dans ma région et elles ne sont pas insensibles au dialogue, mais pour disposer des moyens d'action nécessaires à cette discussion, nous devons raisonner de manière dynamique, en prenant en compte les évolutions à venir de la production de médicaments, notamment le développement des biotechnologies. L'émergence d'écosystèmes fondés sur la formation, la compétence, la recherche et le développement est alors essentielle ; le coût de la main-d'oeuvre est peut-être inférieur ailleurs, mais les industriels doivent regarder la chaîne complète de production. Les réponses sont complexes ; elles imposent une affirmation politique, une vision au niveau européen. Il n'est pas normal que les recherches liées aux médicaments soient réalisées en Europe ou aux États-Unis et que la production se fasse ailleurs.

Il me semble que la problématique est la même pour le secteur automobile, où il est crucial de développer une vision politique et stratégique de l'évolution des mobilités pour les décennies à venir.

Sur ces sujets, il est plus que temps que l'Europe prenne conscience des problèmes actuels. Serons-nous capables, dans ce moment de rupture, d'avoir à l'échelle européenne une vision collective pour porter de grands projets comme ce fut le cas, jadis, pour Airbus ? Il me semble en tout cas que les Allemands doivent se garder de l'illusion du cavalier seul.

En ce qui concerne l'étalement des conséquences de la crise dans la durée, le report de la charge sur les générations futures n'est tenable que si nous revoyons dans le même temps les fondamentaux de l'économie pour qu'ils intègrent pleinement les enjeux environnementaux, numériques et sociaux. La crise doit nous amener à rééquilibrer notre modèle - il nous a apporté beaucoup de bonnes choses, mais il doit évoluer. Par exemple, le processus d'hyper-métropolisation est une totale hérésie et nous devons corriger les choses.

Monsieur Forissier, je me souviens des débats que nous avons eus au moment de la réforme de l'apprentissage et nous étions pleinement en phase ! Les personnes qui travaillent chez les opérateurs de compétences (OPCO) sont des techniciens, pas des entrepreneurs ou des artisans. Il existe clairement un vice de forme dans la réforme menée par Muriel Pénicaud et nous devons essayer de sauver le paquebot, de corriger les erreurs. En tout cas, nous essayons d'agir de manière concrète : dans ma région, nous opérons ainsi une connexion entre le statut de stagiaire de la formation professionnelle et celui d'apprenti pour permettre aux personnes qui en auraient besoin de basculer facilement de l'un à l'autre.

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