Merci de me donner l'occasion de partager, avec vous, les trois convictions guidant notre action en matière d'inclusion numérique et de lutte contre l'illectronisme.
Première conviction, il existe un lien très étroit entre l'illectronisme et l'illettrisme - la maîtrise de la langue constitue, depuis toujours, un axe de travail de notre fondation Bouygues Telecom. Le numérique est, d'abord et avant tout, le royaume de l'écrit ; tout passe par l'écrit. Sans la compétence de base de l'écriture et de la lecture, il est impossible d'accéder aux outils.
Deuxième conviction, la crise a révélé de nouvelles situations d'exclusion numérique. On nous oppose souvent que la connexion est mauvaise dans les territoires ruraux : c'est vrai. Mais on trouve aussi des familles mal équipées et mal connectées en plein coeur de nos villes. La crise sanitaire a ainsi montré que, avec trois enfants scolarisés à distance, il est impossible d'assurer la continuité pédagogique sans disposer de quatre terminaux numériques.
Nous avons répondu à cette problématique à la hauteur de nos modestes moyens, en menant quelques actions très concrètes et ciblées vers des populations en danger : les résidents en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ; les enfants isolés dans les hôpitaux ; en lien avec le Samu social, les résidents en hôtels d'hébergement d'urgence et en centres d'hébergement.
Troisième conviction, des jeunes, extrêmement agiles avec certains outils numériques, se retrouvent parfois complètement désemparés devant un traitement de texte basique, le portail d'une administration ou des fonctionnalités aussi simples que l'impression de documents. Il y a donc un problème très préoccupant d'accès de certains jeunes au numérique.
En conclusion, il y a, non pas un illectronisme, mais des situations diverses d'éloignement du numérique. Il reste, par exemple, énormément à faire pour les personnes en situation de handicap, en particulier psychique, cognitif ou mental. Aussi surprenant que cela paraisse, l'éloignement du numérique touche aussi les étudiants : selon l'Union nationale des étudiants de France (UNEF), le taux d'étudiants qui n'auraient pas pu suivre leurs cours à distance en raison d'une mauvaise connexion ou d'un mauvais matériel pourrait avoisiner les 40 %.