Je vous remercie de nous offrir l'occasion de contribuer à vos réflexions. La crise a mis en lumière le haut niveau d'illectronisme qui touche les populations les plus fragiles : les personnes peu diplômées, les ménages aux revenus modestes et les seniors. La quatrième révolution industrielle ne doit pas réserver les opportunités d'emplois à une élite universitaire. Nous devons nous assurer que chacun dispose des outils et connaissances numériques nécessaires pour s'intégrer. Il est également indispensable de démocratiser l'accès au numérique et à l'intelligence artificielle (IA). Notre entreprise est résolument engagée dans le combat contre l'illectronisme, notamment sur trois dossiers : les écoles « intelligence artificielle », l'accessibilité et le programme « Gardons le lien » développé dans le cadre de la crise sanitaire.
Le nombre de professionnels liés à l'IA a été multiplié par seize ces dernières années en France. C'est un champ extrêmement large et prometteur. Mais on s'aperçoit qu'en France ces professionnels sont 67 % à posséder un niveau master et moins de 5 % à n'avoir qu'un diplôme sanctionnant deux ans d'études ou d'enseignement secondaire ; c'est une faiblesse du modèle français d'IA. Nous sommes aussi très loin de la parité de genre, avec seulement 19 % de femmes parmi ces professionnels. C'est pourquoi nous avons créé des écoles « intelligence artificielle », en partenariat avec Simplon, que nous soutenons depuis 2010. La première école a été ouverte en 2018. Elle a grandi, grâce à d'autres partenaires comme Orange et Cap Gemini. Nous disposons aujourd'hui d'un réseau de quatorze écoles dont notamment Paris, Nantes, Castelnau, Biarritz, Lyon, Bordeaux. Nos apprenants - 24 par promotion - ont entre 19 et 49 ans ; ils sont en reconversion professionnelle, éloignés de l'emploi ou décrocheurs scolaires. Ils suivent une formation intensive de sept mois, avant d'être accueillis, pendant douze mois, en alternance au sein d'entreprises partenaires de Microsoft. Notre objectif est de mettre le numérique au service de l'intérêt général et à la portée de tous pour faciliter l'accès à ces nouveaux métiers. Comment sélectionnons-nous nos apprenants ? Il s'agit à 80 % de demandeurs d'emploi ; à 61 %, ils sont bacheliers ou moins ; pour 35 % ce sont des femmes. Ils sont recrutés en lien avec Simplon, Pôle Emploi et la Grande École du numérique, sur leurs connaissances informatiques et mathématiques, mais surtout une très grande motivation et sans aucun prérequis de diplôme. Nous avons constitué deux promotions spécifiques : la promotion « ambition féminine », composée à 80 % de femmes, et une promotion dédiée à l'intelligence atypique, composée de 36 apprenants, dont douze profils Asperger et à hauts potentiels. Toutes ces actions concourent à la lutte contre la fracture numérique.
Plus de douze millions de nos concitoyens sont en situation de handicap. Nos produits, comme Office 365, intègrent des fonctionnalités qui leur permettent de travailler efficacement. Nous avons également créé une application afin d'améliorer l'accessibilité numérique des personnes mal voyantes. Disponible en français et s'appuyant sur l'IA, elle permet, grâce à la caméra du téléphone, de lire un texte ou de reconnaitre des personnes, des images ou des objets qu'elle décrit à l'oral. Nous dispensons en outre des formations en ligne gratuites pour faire comprendre les enjeux de l'accessibilité et faire connaître les solutions numériques existantes.
Enfin, dans le cadre de la crise sanitaire, nous avons développé un projet intitulé « Gardons le lien », destiné à combattre l'illectronisme des seniors isolés dans le cadre de la crise sanitaire. Ce projet a été monté avec la Fondation Simplon et de nombreux autres acteurs tels que la Fnac, le Crédit agricole, Alstom, Orange, Darty, etc. Il a consisté en la distribution de tablettes dans les hôpitaux et les Ehpad, afin de rompre l'isolement et d'apaiser l'angoisse des familles. Ce collectif a permis, en coordination avec les collectivités territoriales, de distribuer 20 000 tablettes, au bénéfice de 150 000 personnes. Au-delà de la crise, nous devrons équiper et former les seniors afin de rompre leur isolement dans la durée.