Monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, notre police et notre gendarmerie républicaines doivent garantir la paix civile et protéger nos libertés, notre égalité et notre fraternité. C’est une immense et noble tâche, accomplie dans des conditions de travail inacceptables, et qui comporte des risques. Nous leur avons unanimement rendu hommage, et pensons toujours à Ahmed Merabet et Arnaud Beltrame, ces héros.
C’est pourquoi il est particulièrement insupportable de voir en leur sein certains individus, souvent protégés par le silence, véhiculer le poison du racisme. Le reconnaître sans le minimiser, ne jamais couvrir de tels propos ou de tels actes, les punir promptement est une condition de la confiance à restaurer à l’égard d’une grande partie de la jeunesse. C’est un impératif pour la dignité de la police elle-même et pour notre République.
Tout commence, monsieur le Premier ministre, par l’arrêt du déni. Un pas dans ce sens a été fait par le ministre de l’intérieur, par vous-même encore tout à l’heure, et nous nous en félicitons. Mais l’ambiguïté subsiste quand on entend M. Nunez parler de nouveau de quelques cas isolés. Nous craignons que, une fois l’émotion passée, on n’en revienne à l’« avant », comme trop souvent dans le passé.
Bien entendu, je le répète, pas de faux débat ! En France, la police en tant qu’institution n’est pas raciste, mais le racisme et les discriminations n’y sont pas marginaux et les victimes ne sont pas des exceptions, comme le montrent les contrôles quotidiens au faciès.
Que comptez-vous faire pour encourager la remontée de tous les faits répréhensibles, pour vous opposer à la loi du silence et faire passer la loi de la République, pour valoriser dans les formations et dans les carrières celles et ceux qui brillent par leur respect des valeurs républicaines et de la dignité humaine et, au contraire, pour faire en sorte que soient mis au ban ceux qui font l’apologie de la violence ou la pratiquent abusivement, et font l’éloge de la haine raciste, antisémite et homophobe ?