Monsieur le Premier ministre, il y a quelques semaines, je vous ai entendu parler d’« écroulement ». Personnellement, ce terme ne m’avait pas choqué. Vous parliez alors d’un écroulement économique et social ; aujourd’hui, la menace qui est devant nous est celle d’un écroulement civique.
Comment, en quelques jours, avez-vous pu laisser l’État autant reculer ? Vous avez autorisé des manifestations interdites et, surtout – surtout ! –, vous avez laissé faire des minorités agissantes qui, sous prétexte de l’antiracisme, veulent propager la haine vis-à-vis de nos forces de l’ordre et fracturer notre modèle républicain.
Quand une garde des sceaux s’immisce dans une affaire privée, alors qu’elle doit être le garant de l’indépendance de la justice, c’est évidemment l’État de droit qui est fragilisé. Quand, en réponse à son invitation imprudente, elle se voit infliger un camouflet calculé, c’est toute la République qui est humiliée !
Quand votre ministre de l’intérieur déclare que l’émotion doit dépasser la règle de droit – mes chers collègues, c’est dans cette enceinte que nous votons la loi ! –, c’est évidemment là encore une fragilisation de l’État de droit. C’est la porte ouverte à la loi de la jungle et la possibilité compromise, demain, de la concorde civile.
Quand le même ministre fait cette trouvaille, cette acrobatie sémantique de « soupçon avéré », qui va livrer nos policiers et nos gendarmes à la présomption de culpabilité, c’est évidemment la présomption d’innocence qui est défigurée !
Alors, certes, vous avez raison, nous devons être intraitables avec et contre le racisme, mais il ne faut pas tomber dans les pièges tendus par ceux qui veulent communautariser la France et désigner notre pays comme éternellement coupable !
Monsieur le Premier ministre, les policiers et les gendarmes sont notre bouclier. Vous ne pouvez pas simplement nous dire, tout en leur proclamant votre respect et votre estime, qu’ils sont effectivement pour nous une protection : vous devez le leur prouver ! Reprenez-vous à votre compte l’expression de votre ministre de l’intérieur ? Reprenez-vous à votre compte l’initiative de votre garde des sceaux ?