Ma question s’adresse à M. le secrétaire d’État chargé des transports. J’y associe tous mes collègues du groupe du RDSE, sénateurs de territoires ruraux.
Monsieur le secrétaire d’État, il faut sept heures pour relier Aurillac à Paris, cinq heures trente pour relier Tarbes à la capitale : nous mesurons aujourd’hui la réalité de l’enclavement de nos territoires dont la seule porte de sortie reste l’avion.
Pour lutter contre cet éloignement et préserver l’attractivité de leur territoire, de nombreuses collectivités n’ont eu d’autre choix que d’investir massivement dans les lignes sous obligations de service public, ou OSP. Pour les Hautes-Pyrénées, cet effort représente 2 millions d’euros par an.
Il y a quelques semaines, ma collègue Josiane Costes vous a déjà fait part de ses craintes, et ces dernières semblent se confirmer. En effet, dans un communiqué récent, Air France et sa filiale Hop ! ont annoncé vouloir réduire de près de 40 % leurs vols régionaux d’ici à 2021. Une telle décision frappe une nouvelle fois de plein fouet des territoires déjà durement éprouvés.
Vous l’avez compris : nous ne pouvons accepter des décisions unilatérales pénalisant de nombreux bassins économiques et industriels.
Aujourd’hui, la direction générale de l’aviation civile (DGAC) nous indique que ces lignes auront l’obligation de respecter de nouveau les OSP, sous peine de pénalités, à partir du 1er juillet prochain. Toutefois, elle précise qu’il faudra tenir compte de leur soutenabilité financière en laissant à chaque collectivité territoriale le soin de négocier avec l’opérateur.
Pour sauver le soldat Air France, l’État s’apprête à déployer 7 milliards d’euros, auxquels s’ajoutent 15 milliards d’euros pour l’aéronautique : les montants sont considérables. Quelles contreparties allez-vous exiger de cet opérateur monopolistique ?
Les OSP seront-elles bien identifiées comme un enjeu stratégique essentiel au développement des territoires ?
Comment comptez-vous mesurer les niveaux de soutenabilité acceptables pour rouvrir ces lignes ?
Enfin, laisserez-vous les collectivités seules négocier avec Air France, toujours plus prompt à alimenter les procès en non-rentabilité de ces lignes, au mépris du service qu’elles rendent aux territoires, et sans afficher clairement les exigences de l’État ?
L’État reste le garant de l’aménagement et de l’égalité des territoires. Pour les Hautes-Pyrénées, le Cantal ou la Lozère, l’avion demeure le seul salut. Nous le savons tous pertinemment, nos territoires enclavés et éloignés ne bénéficieront jamais de lignes de TGV !