Intervention de Jean-Luc Fichet

Délégation sénatoriale à la prospective — Réunion du 28 mai 2020 à 10h00
Examen du rapport sur l'alimentation du futur en téléconférence

Photo de Jean-Luc FichetJean-Luc Fichet, rapporteur :

Olivier Jacquin évoquait le revenu agricole. Nous savons que la transition qui doit s'opérer ne pourra pas se faire si nous ne garantissons pas un revenu suffisant à nos agriculteurs. Nous devons les sécuriser, sans doute par la contractualisation, sur leur volonté d'investir ou d'assurer les transitions qui peuvent les amener à vivre pendant deux ou trois années d'une production peu rentable.

La question de Yannick Vaugrenard concernant la fracture sociale est très importante. Comment communiquer en direction des syndicats ? Nous espérons que ceux-ci, ainsi que tous les partenaires du monde agricole et de l'agroalimentaire se saisiront de notre rapport pour que nous y donnions une suite.

Concernant les programmes scolaires, je voudrais évoquer ce qui se passe dans certaines intercommunalités où les services mènent un travail d'accompagnement des écoles, particulièrement auprès des cantines.

En matière de Covid et d'obésité, on constate que si certains ont perdu du poids, d'autres ont pris davantage que les 2,5 kg en moyenne observés en France.

La question d'Arnaud Bazin sur la problématique animale est très importante. Je souscris moi aussi bien plus au terme de respect que de bien-être animal. Dans ce rapport, nous développons les moyens de réconcilier l'animal avec le sol, grâce à un mode d'alimentation plus adapté. Ainsi, nous pourrons également libérer du foncier. Cette problématique est tout à fait transversale à notre rapport. Si nous souhaitons tendre vers une alimentation plus durable, nous devrons produire différemment, et moins. Le sol sera donc sollicité d'une manière plus importante.

Nous pouvons diminuer notre consommation de viande sans pour autant l'arrêter complètement. Elle est tout de même importante dans l'équilibre alimentaire. Méfions-nous de certains régimes, comme le mentionnait précédemment Françoise Cartron.

Je suis très intéressé par la question posée par Marie Mercier. Je suis moi aussi très sensible à la question des compléments alimentaires. Ils ont pris une place importante ces dix dernières années. Nous sommes passés de 20 à 29 %. Ils sont placés stratégiquement dans les pharmacies, derrière le comptoir. N'oublions pas qu'ils font souvent l'objet d'une prescription médicale. Dans les Ehpad, ils sont souvent destinés aux personnes âgées, en difficulté ou en souffrance. Je pense qu'ils devraient faire l'objet d'un prochain rapport. Nous avons beaucoup à dire sur le sujet. Nous acceptons la dénutrition de personnes âgées, handicapées ou en situation précaire, en la compensant par des compléments alimentaires vendus à prix d'or. Nous avons à ce propos un vrai travail à mener dans le monde médical.

Enfin, je confirme que l'alimentation doit être une source d'équilibre. Je trouve d'ailleurs que l'idée de l'assiette à dessert est judicieuse. Dans notre rapport, nous avons essayé de trouver le bon équilibre. Nous ne voulons pas affirmer qu'un élément serait meilleur qu'un autre. Nous indiquons simplement que nous devons changer nos comportements alimentaires, pour nous, pour notre environnement, pour l'air et pour l'eau.

Pour autant, ne pensons pas que le fait de se fournir en circuits courts nous rend excellents en termes d'environnement. Ils sont parfois plus consommateurs en gaz carbonique que des produits industriels.

Nous aimerions que la PAC soit réformée pour que les aides ne soient pas attribuées aux surfaces exploitées, mais au travail consacré à la production.

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