Intervention de Michaël Ohier

Délégation aux entreprises — Réunion du 8 juin 2020 à 17h15
Audition de Mme Misoo Yoon directrice générale adjointe de pôle emploi chargée de l'offre de service et de M. Michael Ohier directeur général adjoint réseau de pôle emploi

Michaël Ohier, directeur général adjoint réseau de Pôle emploi :

La campagne d'actualisation, débutée le 28 mai, se terminera le 15 juin, ce qui signifie que le nombre de demandeurs d'emploi, arrêté à la fin du mois de mai, ne sera connu qu'à la fin du mois de juin.

Fin avril, nous dénombrions 4 575 000 demandeurs d'emploi, ce qui traduit une hausse de près de 1,1 million de demandeurs d'emploi par rapport au mois de février. Il s'agit d'une hausse sans précédent. Cette hausse est principalement due à une bascule de demandeurs d'emploi des catégories B et C (c'est-à-dire les personnes ayant une activité réduite) vers la catégorie A. Il s'agit en majorité de personnes dont les contrats courts (intérim par exemple) ont été interrompus du fait du confinement. Dans le même temps, c'est-à-dire entre février et avril, le nombre de personnes inscrites dans les catégories A, B et C a augmenté de 390 000 personnes.

Il est possible qu'avec le déconfinement, le nombre de sorties reparte à la hausse, ce qui pourrait entraîner une diminution temporaire du nombre de demandeurs d'emploi inscrits. Les actualisations de fin mai et fin juin nous diront ce qu'il en est précisément. Nous devrions également assister à une bascule, en sens inverse, de la catégorie A vers les catégories B et C. Il faudra certainement du temps, néanmoins, pour revenir à la situation de fin février, compte tenu de l'ampleur du choc qu'a entraîné la crise sanitaire.

Viennent ensuite les effets potentiels de la crise économique, ce qui pourrait donner lieu à une nouvelle augmentation du nombre de demandeurs d'emploi à compter de la fin de l'été. Elle serait le fait, cette fois-ci, d'un afflux de demandeurs d'emploi nouveaux. Nous ne pouvons exclure, enfin, une hausse des entrées pour licenciement économique, à compter de septembre ou octobre, si la crise s'approfondissait.

On constate avec cette crise une modification de la structure des demandeurs d'emploi, avec une population plus âgée, avec une plus grande ancienneté dans l'entreprise et donc une plus grande difficulté de reclassement. Habituellement la majorité des inscrits à Pôle emploi travaille : ils alternent entre inscriptions à Pôle emploi et contrats courts, ils sont proches de l'emploi avec la capacité de retrouver du travail rapidement. En règle générale, les effets les plus forts sur l'emploi sont liés à la fin des contrats courts, de l'intérim. Lorsqu'on regarde l'évolution du nombre de demandeurs d'emploi, y compris suite à la grande crise de 2009, les effets liés aux licenciements économiques restent limités par rapport à la baisse des contrats courts et d'intérim : en moyenne sur une année normale comme 2019, les entrées en catégories A, B et C dues aux licenciements économiques ne représentent que 6 % d'un total composé des fins de CDD et de missions d'intérim. Dans ce cas-ci, la proportion pourrait être plus importante et à cette question se rajoute celle des jeunes qui vont essayer de s'insérer sur un marché du travail rendu complexe par la crise sanitaire et économique.

Il est difficile de se projeter davantage dans la possible évolution du volume de demandeurs d'emploi. Je pense qu'il faudra d'abord observer les effets que j'évoquais (la hausse du nombre d'inscrits en catégorie A et la bascule des catégories B et C vers la catégorie A) à fin mai et fin juin avant de pouvoir se prononcer sur l'évolution des mois à venir. En tout état de cause, nous ne verrons pas dès septembre-octobre les effets de plans sociaux éventuels sur le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi, ou très peu, compte tenu du temps que prennent ces procédures.

Il faudra du temps pour résorber ces effets que nous continuerons à constater au moins jusqu'au premier semestre 2021 selon les experts. À partir de là, nous pourrons commencer à déceler si nous serons face à une reprise en V, ce que nous espérons, ou en W.

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