Intervention de Luc Lallemand

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 3 juin 2020 à 16h15
Audition de M. Luc Lallemand président-directeur général de sncf réseau

Luc Lallemand, président-directeur général de SNCF Réseau :

Absolument pas. Tout a changé depuis le passage en société anonyme - et c'est un élément de réponse que je souhaitais apporter à une des questions de M. Dantec qui parle de taux zéro. Il y a environ deux ans, Eurostat, organisme européen qui s'occupe de la classification, du contrôle et de l'établissement des comptes publics des États européens, a décidé, pour tous les pays membres, que le périmètre financier des gestionnaires d'infrastructures en Europe serait consolidé avec le périmètre des finances publiques des États concernés. Cette décision a un impact majeur sur la politique d'investissement que l'on peut avoir d'une part et, d'autre part, sur la manière avec laquelle l'État français, comme les autres États en Europe, regarde les comptes du gestionnaire d'infrastructures.

Dans une ancienne vie, avec toute une équipe de management, je suis parvenu, en douze ans, à réduire le nombre de postes d'aiguillage de 365 à une dizaine, ce qui a permis de réaliser des gains de productivité substantiels. Pour ce faire, il a fallu bien entendu amorcer la pompe de l'investissement et concentrer les postes d'aiguillage. C'est un des deux grands projets que je souhaiterais lancer pour rationaliser l'outil industriel du réseau français.

Les trois ou quatre premières années, on pompe énormément dans le cash-flow pour construire de nouveaux bâtiments, concentrer les installations, déplacer voire remonter des câbles de signalisation. Plus de 15 000 trains circulent tous les jours en France. Ce sont de gigantesques investissements productifs, à condition d'investir les trois ou quatre premières années avant d'en voir l'effet positif. On recueille alors les bénéfices du projet, le personnel travaillant de façon bien plus efficace grâce à l'outil industriel dont on les a dotés.

Eurostat consolidant tout, réaliser ces investissements sur fonds propres en faisant un peu de dettes avant de les récupérer n'est plus possible, sauf si l'État et, en particulier dans les États européens, le ministre chargé des comptes publics accepte un effet de bulle de dettes transitoire pour ensuite en recueillir les bénéfices.

Quant à l'argent à taux zéro, le taux d'intérêt implicite sur la dette de SNCF Réseau, aujourd'hui gérée par la maison mère, est déjà relativement bas. Ce n'est donc pas une question de charges financières. Une dette, même à taux zéro, doit être remboursée. C'est là tout le noeud du problème : comment trouver les ressources pour la rembourser ?

Simplifions donc le schéma. Toutes les dépenses réalisées au sein de SNCF Réseau sont aujourd'hui consolidées par l'État. Le tout est de savoir quel transfert d'argent l'État veut bien réaliser pour SNCF Réseau sur une base annuelle, son effet sur les finances publiques étant à peu près comparable.

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