Intervention de Nathalie Delattre

Réunion du 17 juin 2020 à 15h00
Questions d'actualité au gouvernement — Emploi des jeunes

Photo de Nathalie DelattreNathalie Delattre :

Nos jeunes seront-ils les victimes collatérales de la crise sanitaire que nous traversons ? Ils sont 800 000 à s’apprêter à entrer dans la vie active, mais ils craignent d’être une génération sacrifiée, la variable d’ajustement d’un marché de l’emploi totalement déstructuré.

Les difficultés économiques qui touchent nombre de nos TPE et PME, qui sont les premiers employeurs, par contrats d’apprentissage ou de professionnalisation, de notre pays, fragilisent ces voies d’insertion professionnelle. Aussi l’annonce par le Gouvernement d’une aide à l’embauche d’un montant variant entre 5 000 et 8 000 euros selon l’âge de l’apprenti, disponible jusqu’en février 2021, est-elle bienvenue.

Toutefois, cette béquille financière ne garantit pas le maintien dans l’emploi des jeunes ; au contraire, elle risque de créer un effet d’aubaine en trompe-l’œil.

Il faut donc assortir ces aides d’une promesse de contrats plus sécurisants. Il faut également que les entreprises puissent bénéficier des mêmes aides quand elles concluent des contrats de professionnalisation avec des personnes de plus de 26 ans. Enfin, celles qui parviendront à embaucher nos jeunes de moins de 30 ans via des contrats plus classiques doivent pouvoir bénéficier de l’exonération des charges.

Il faut aussi lever les freins à l’embauche par des mesures complémentaires de celles concernant l’emploi. Je pense notamment à l’examen du permis de conduire. J’ai écrit vendredi au ministre de l’intérieur pour l’alerter sur la situation catastrophique qui se profile dans plusieurs départements. En Gironde, le confinement a créé un stock de plus de 6 000 examens en attente, qui s’accroît chaque jour. Le nombre d’examinateurs absents pour vulnérabilité, les mesures d’hygiène et l’absence de sessions complémentaires amènent aujourd’hui des jeunes à refuser des offres d’emploi, faute de permis de conduire : la responsabilité de cette situation incombe à un système en panne qui montre là toutes ses failles. Les jeunes ne peuvent pas passer le permis en temps et en heure, et ils le paient cash !

Madame la ministre, si nous ne pouvons pas nous serrer la main, nous devons du moins nous serrer les coudes pour nos enfants et construire avec l’ensemble des partenaires de l’emploi un plan ambitieux pour l’insertion professionnelle des jeunes. Le temps presse !

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