Intervention de David Weinberger

Mission d'information Trafic de stupéfiants en provenance de Guyane — Réunion du 17 juin 2020 : 1ère réunion
Audition de M. David Weinberger chercheur à l'institut national des hautes études de la sécurité et de la justice inhesj spécialiste des routes de la drogue en amérique du sud en téléconférence

David Weinberger, chercheur à l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ) et spécialiste des routes de la drogue :

Oui, les routes changent quand elles sont trop identifiées et que les saisies sont trop importantes. Je peux vous faire un calcul de coin de table qui n'a rien de scientifique. Le modèle économique repose sur l'achat de cocaïne à 5 000 euros en Guyane et sa revente cinq fois plus chère en métropole. Quand on saisira les trois quarts ou les quatre cinquièmes, il n'y aura plus d'argent à se faire par la route Cayenne-Paris. Il faudrait le vérifier, mais ce serait une bonne piste de réflexion pour de futurs travaux.

Le nouveau président du Suriname, Chandrikapersad Santokhi, était appelé « le shérif » par Bouterse, car il était très engagé dans les années 1990 dans la lutte antidrogue. D'après des discussions informelles que j'ai eues avec des policiers néerlandais actifs au Suriname dans les années 1990, il a été un allié de poids pour eux. Cela ne veut pas dire qu'il le sera aussi demain, mais c'est certainement un signal positif. Une rivalité très ancienne l'oppose à Bouterse : si des réseaux mafieux existaient autour de la présidence, ils seraient mis à mal. Mais le problème reste que, dans un pays failli ou fragile, l'appât du gain peut modifier la philosophie politique ou morale de personnes qui étaient au-dessus de tout soupçon. J'appelle de mes voeux que l'alternance puisse apporter une nette amélioration dans la lutte contre la drogue au Suriname.

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