Oui, les routes changent quand elles sont trop identifiées et que les saisies sont trop importantes. Je peux vous faire un calcul de coin de table qui n'a rien de scientifique. Le modèle économique repose sur l'achat de cocaïne à 5 000 euros en Guyane et sa revente cinq fois plus chère en métropole. Quand on saisira les trois quarts ou les quatre cinquièmes, il n'y aura plus d'argent à se faire par la route Cayenne-Paris. Il faudrait le vérifier, mais ce serait une bonne piste de réflexion pour de futurs travaux.
Le nouveau président du Suriname, Chandrikapersad Santokhi, était appelé « le shérif » par Bouterse, car il était très engagé dans les années 1990 dans la lutte antidrogue. D'après des discussions informelles que j'ai eues avec des policiers néerlandais actifs au Suriname dans les années 1990, il a été un allié de poids pour eux. Cela ne veut pas dire qu'il le sera aussi demain, mais c'est certainement un signal positif. Une rivalité très ancienne l'oppose à Bouterse : si des réseaux mafieux existaient autour de la présidence, ils seraient mis à mal. Mais le problème reste que, dans un pays failli ou fragile, l'appât du gain peut modifier la philosophie politique ou morale de personnes qui étaient au-dessus de tout soupçon. J'appelle de mes voeux que l'alternance puisse apporter une nette amélioration dans la lutte contre la drogue au Suriname.