Sur les incendies de forêt, tout d'abord. Vous l'avez bien compris, la stratégie des opérateurs consiste à rechercher la plus grande discrétion possible. L'environnement amazonien est un environnement très propice aux trafics en tous genres. Les éléments dont je dispose ne permettent pas d'identifier des réseaux interconnectés, mais nous savons qu'il existe des réseaux logistiques permettant d'organiser l'orpaillage illégal, et, dans le même bassin et auprès des mêmes interlocuteurs, des réseaux logistiques qui agissent sur le trafic de stupéfiants. Il existe sur le bassin du Maroni, et en particulier dans sa zone centrale, une caractérisation extrêmement dangereuse de trafiquants qui ont la main mise sur les circuits logistiques. Le financement de leurs réseaux reste aujourd'hui un grand point d'interrogation.
Sur le Venezuela, les moyens d'interception que nous avons en mer sont mobilisés au niveau des tapouilles, c'est-à-dire des embarcations en mer qui emportent l'essentiel de la cargaison de drogue, à charge ensuite pour les go-fast de la récupérer et de tracer la route vers les Caraïbes. L'action est principalement portée par les États-Unis, et nous venons en renfort, surtout pour barrer la route qui remonte vers les Antilles françaises.
Vous avez posé des questions très précises, la première est combien. Je ne suis pas en mesure de vous indiquer le nombre de personnes que l'on peut rattacher à ce trafic dans les prisons françaises. Je vais faire les recherches nécessaires et vous transmettrai l'information.
Comme vous l'indiquez, monsieur le sénateur, l'article 17 des accords de San José pose des difficultés. Aujourd'hui, pour pouvoir réaliser l'intervention, il existe deux solutions : que l'État partie ait préalablement renoncé à sa souveraineté, ce qu'aucun État n'a fait, ou qu'il accorde une autorisation au cas par cas.
Lorsque l'on a arraisonné la tapouille et qu'on la rend à l'État vénézuélien, en général, il ne se passe rien. Il y a une volonté à Caracas de lutter contre la désintégration de l'État, mais l'État vénézuélien n'a pas aujourd'hui les moyens d'une action en mer.
Sur votre question relative au Maroc liée à celle d'un trafic du retour : nos relations avec le Maroc, comme avec l'ensemble des pays du nord de l'Afrique, sont aujourd'hui dominées par la lutte contre le terrorisme et celle contre les trafics. En tant qu'ambassadeur délégué à la coopération régionale Antilles-Guyane, je ne suis pas la personne la plus indiquée pour vous indiquer les outils précis de coopération avec ce pays. Je sais simplement que les échanges d'informations avec le Maroc sont très développés, ce qui nous a permis de chiffrer le volume du cannabis entrant. On parle aujourd'hui de 2 à 3 tonnes.
Sur l'orpaillage illégal, je souhaite attirer l'attention sur le fait qu'il existe aujourd'hui un continuum que l'on voit apparaitre entre l'ouest de l'Amérique du Sud et nos territoires, en particulier la Guyane, à travers le couvert amazonien. Vous savez qu'il existe un différend frontalier entre le Venezuela et le Guyana. Pendant des années, cette zone est restée une zone tampon, qui empêchait les trafics. Peu à peu, cette protection s'amenuise.