Intervention de Élisabeth Lamure

Réunion du 25 juin 2020 à 15h00
Comment faire face aux difficultés de recrutement des entreprises dans le contexte de forte évolution des métiers — Débat sur un rapport d'information de la délégation sénatoriale aux entreprises

Photo de Élisabeth LamureÉlisabeth Lamure :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous nous retrouvons aujourd'hui pour débattre d'un sujet majeur et plus que jamais d'actualité. La délégation aux entreprises du Sénat s'en est saisie à l'automne 2019, en confiant à nos collègues Michel Canevet et Guy-Dominique Kennel une mission d'information sur les difficultés de recrutement dans un contexte de forte évolution des métiers.

En effet, depuis deux ans, les plaintes qui nous remontaient du terrain, à l'occasion de nos déplacements dans les départements, étaient récurrentes, voire lancinantes : les chefs de nombreuses entreprises, de toutes tailles, témoignaient de leurs difficultés à recruter, à trouver et à garder les compétences dont ils avaient besoin, cette situation les amenant parfois à renoncer à développer leur activité.

Parallèlement, la France pouvait rougir de son taux de chômage et du nombre de personnes, notamment des jeunes, laissées au bord de la route. Quel gâchis !

Les mutations technologiques qui impactent ou impacteront quasiment tous les métiers renforcent l'urgence de prendre à bras-le-corps ce paradoxe français, avec lucidité et bon sens.

L'électrochoc que nous connaissons aujourd'hui a le mérite de nous encourager, collectivement et individuellement, à remettre les cartes sur la table, à évaluer nos atouts et nos faiblesses, à retrousser nos manches, à oser, à innover et à jouer franc-jeu avec toutes les parties prenantes. Dans le cas présent, ces dernières comprennent les acteurs de l'éducation, de l'orientation des jeunes et du service public de l'emploi, les régions, les demandeurs d'emploi, les personnes en future reconversion et, bien entendu, les recruteurs eux-mêmes, c'est-à-dire les entreprises au premier chef.

À cet égard, l'État doit aussi aider les entreprises à contribuer à la formation de leurs salariés ou futurs salariés. Un très récent sondage réalisé pour CCI France par OpinionWay montre que 13 % des entreprises n'envisagent pas de mettre en place de contrats d'alternance dans l'année à venir, car les modalités de prise en charge financière sont trop compliquées.

Je crois pouvoir dire que, au sein de notre délégation, nous partageons la conviction que la clé de l'avenir passe par le renforcement des compétences des Français. Il s'agit à la fois de permettre leur insertion et leur épanouissement professionnels tout au long de la vie et de répondre aux besoins de la société et de l'économie, les deux étant bien sûr liés. Nos propositions visent ainsi à développer les compétences de toute urgence pour soutenir l'emploi et les entreprises.

Certes, depuis l'automne 2019, la situation sanitaire et économique a bouleversé la donne. Les chiffres ne sont pas réjouissants : probable recul de près de 12 % du PIB en 2020, déficit budgétaire de 221, 1 milliards d'euros, dette publique s'élevant à 120, 9 % du PIB, nombreuses faillites en perspective... L'horizon s'assombrit, avec la perspective de la suppression de 800 000 emplois, soit 2, 8 % de l'emploi total, dans les prochains mois.

Mais la problématique des jours d'avant le Covid-19 reste cruellement d'actualité. Elle se conjugue avec les nouveaux défis des jours d'avec et des jours d'après la crise sanitaire, qu'accompagne et suit la crise économique.

Il est vrai que les dispositifs de soutien très évolutifs mis en place depuis le début de la crise devraient permettre de limiter et de lisser la casse économique et sociale, mais ils ne résoudront malheureusement pas toutes les difficultés. Au-delà des chiffres évolutifs et des nécessaires mesures conjoncturelles, il nous faut anticiper et nous adapter aux évolutions structurelles, pour mieux rebondir.

C'est dans cette perspective que se sont inscrits nos rapporteurs, en faisant appel au bon sens collectif.

Michel Canevet exposera nos principales recommandations. Elles sont pragmatiques. Nous souhaitons, madame la ministre, que notre contribution constructive soit pleinement prise en compte, à la fois pour limiter la casse sociale et pour préparer l'avenir. Cette crise doit être l'occasion de remettre en cause certains tabous et d'avancer collectivement dans l'intérêt général et dans celui des personnes concernées au premier chef.

Guy-Dominique Kennel conclura le débat. Je forme le vœu qu'il puisse alors se féliciter que nous ayons obtenu de votre part, madame la ministre, des réponses tout aussi concrètes et précises que nos propositions. §

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