Intervention de Michel Canevet

Réunion du 25 juin 2020 à 15h00
Comment faire face aux difficultés de recrutement des entreprises dans le contexte de forte évolution des métiers — Débat sur un rapport d'information de la délégation sénatoriale aux entreprises

Photo de Michel CanevetMichel Canevet :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, comme Mme la présidente de la délégation aux entreprises vient de l'indiquer, lors de nos déplacements sur le terrain, nous avons souvent entendu les chefs d'entreprise déplorer des difficultés de recrutement. Cela nous a amenés, Guy-Dominique Kennel et moi-même, à travailler sur le sujet de façon beaucoup plus approfondie.

Trois nécessités se sont dégagées à l'issue de nos travaux : accompagner les individus tout au long de la vie et lors de la formation initiale, avec pour objectif constant d'améliorer leur insertion professionnelle et leur employabilité ; permettre aux entreprises de trouver rapidement les compétences dont elles ont besoin ; définir les modalités d'un pilotage efficient des acteurs de l'emploi sur chaque territoire.

Sur cette base, nous avons formulé vingt-quatre recommandations.

Ces recommandations portent, premièrement, sur l'éducation nationale : il convient de briser le cloisonnement qui nous semble exister entre celle-ci et le monde économique. Il faut accentuer les efforts d'information des familles en vue de l'orientation des jeunes et permettre aux enseignants de mieux appréhender les questions économiques et la vie des entreprises.

Deuxièmement, l'apprentissage, madame la ministre, est un sujet de préoccupation fort. Les besoins en la matière sont à la fois conjoncturels – les difficultés de recrutement auxquelles sont confrontés les centres de formation des apprentis aujourd'hui le montrent bien – et structurels. Il importe de faire en sorte que ce mode de formation, qui est vraiment adapté aux besoins de l'entreprise, soit davantage utilisé dans notre pays. D'ailleurs, seulement 26 % des dirigeants interrogés à l'occasion d'un récent sondage réalisé par OpinionWay déclaraient avoir déjà mis en place un contrat en alternance. C'est dire si le chemin à parcourir pour sensibiliser toutes les entreprises à cette forme de formation est encore long…

Troisièmement, il faut encourager les entreprises à investir dans la formation, qui est pour elles un acquis, au même titre que d'autres investissements qu'elles peuvent réaliser pour leur développement et l'amélioration de leur productivité.

Quatrièmement, il faut favoriser le transfert des compétences entre les plus expérimentés et les plus jeunes. Je pense singulièrement à la cohorte très nombreuse des jeunes –ils sont près de 900 000, nous dit-on – qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en stage et qu'il faut absolument raccrocher au milieu professionnel. Il y a un volant d'actions à mettre en place. Il faut bien évidemment, compte tenu de la situation économique que nous connaissons actuellement, assurer la reconversion des actifs vers les secteurs et les métiers qui recrutent aujourd'hui.

Cinquièmement, nous devons permettre aux entreprises de trouver rapidement les compétences dont elles ont besoin. Nous nous sommes aperçus, madame la ministre, que les compétences existant au sein de Pôle emploi sont souvent méconnues ou décriées par quelques-uns, qui ont vécu des expériences malheureuses. Il importe de faire connaître ce que Pôle emploi réalise aujourd'hui.

Enfin, nous avons estimé qu'il convenait de pouvoir mettre en place un pilotage efficient des acteurs de l'emploi, compte tenu de la multiplicité des intervenants. Nous proposons de le faire à l'échelle de la région, qui est aujourd'hui l'échelon pertinent sur le plan économique. §

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