Intervention de Jean-Louis Tourenne

Réunion du 25 juin 2020 à 15h00
Comment faire face aux difficultés de recrutement des entreprises dans le contexte de forte évolution des métiers — Débat interactif

Photo de Jean-Louis TourenneJean-Louis Tourenne :

Madame la ministre, ce débat pourrait apparaître décalé, car l'Unedic annonce la destruction de 900 000 emplois en 2020. L'urgent défi serait plutôt d'en juguler les conséquences sociales, donc de renoncer d'abord aux ordonnances inhumaines sur le chômage.

Pour autant, l'adéquation entre offre et demande d'emploi reste une question récurrente, non pas tant du point de vue des statistiques, qui ne varieraient pas beaucoup, que de celui du dynamisme des entreprises. Citons quelques obstacles semés sur la route des recruteurs : une trop grande exigence de technicité par rapport au vivier des candidatures, des horaires de travail décalés et des conditions difficiles, des rémunérations insuffisantes.

Dans la restauration, par exemple, la baisse de TVA de 2009 n'a pas entraîné, comme cela avait été promis, une augmentation des salaires à hauteur du tiers de l'augmentation de chiffre d'affaires qu'elle a générée. La mission El Khomri montre un déficit en candidatures de personnels de santé lié aux rémunérations trop basses. Les difficultés d'accès au lieu de travail et les temps partiels ou saisonniers sont également très dissuasifs. Notons également que, depuis 2015, l'offre de CDI augmente régulièrement et allonge le temps de recrutement.

En conséquence, madame la ministre, un certain nombre de pistes peuvent être dégagées : inciter à une meilleure formation théorique et intellectuelle pour plus d'adaptabilité ; éviter les offres de CDD trop courts, donc développer les temps complets par des groupements d'employeurs et la création – pourquoi pas ? – d'agences publiques, pour multiplier les CDI d'intérim ; encourager dans les négociations de branche une attitude bienveillante et accompagnante dans les entreprises pour une adaptation au poste de travail ; enfin, mobiliser des dynamiques de bassin entre villes et campagnes pour créer les outils de prévision des besoins à venir, tant du privé ou du public que des associations, et ainsi engager les formations utiles.

Les spécificités locales, particulièrement marquées dans le domaine de l'économie, donc de l'emploi, exigent une nouvelle phase de décentralisation, une véritable décentralisation pour une nouvelle vitalité des territoires.

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