Intervention de Muriel Pénicaud

Réunion du 25 juin 2020 à 15h00
Comment faire face aux difficultés de recrutement des entreprises dans le contexte de forte évolution des métiers — Débat interactif

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Monsieur le sénateur Jean-Louis Tourenne, vous posez la question centrale du rapport : comment réduire cet écart insupportable entre la demande et l'offre d'emploi ? En effet, c'est un manque à gagner pour l'économie et un drame pour les demandeurs d'emploi qui ne trouvent pas. Chaque année, entre 300 000 et 400 000 emplois sont perdus, car ils ne trouvent pas preneur, alors même que notre pays connaît un chômage important.

Premièrement, nous devons revoir les méthodes de recrutement. Dans le cadre des travaux que nous menons depuis deux ans, Pôle Emploi s'est engagé dans une réforme importante, qui, depuis le 1er janvier, est inscrite dans la convention tripartite. Cette réforme va se déployer tout au long de l'année.

Au bout de trente jours, toute entreprise ayant déposé une nouvelle offre qui n'a pas trouvé preneur est contactée de manière proactive pas Pôle emploi pour en comprendre la raison : le manque de mobilisation pour trouver des candidats, le manque de connaissance ou de reconnaissance du métier, un problème de conditions de travail, un salaire qui n'est pas au marché, des exigences qui ne correspondent pas à une réalité ou qui sont mal exprimées… En clair, Pôle emploi fournit un service de conseil.

Les résultats de l'expérimentation sont excellents. Ils montrent qu'une grande partie des offres qui ne trouve pas preneur est mal formulée.

Deuxièmement, certains métiers sont en tension, y compris dans les moments difficiles. En plein confinement, certains métiers du transport, de la santé ou de l'agriculture étaient en tension. Nous devons y travailler, car parfois le métier n'est simplement pas connu, et nous pouvons y remédier par des actions en lien avec les acteurs économiques. Dans d'autres cas, ce sont les conditions de travail qui sont en cause.

Je suis tout à fait favorable aux groupements d'employeurs : mon ministère les soutient. Nous avons aussi consacré dans les ordonnances le CDI intérimaire. Avant le confinement, nous avons célébré le quarante et un millième contrat de ce type. Nous devons développer toutes les formules qui permettent ce que j'appelle la flexisécurité – peut-être ne l'appelez-vous pas ainsi –, car elle permet de fournir un contrat en CDI pour le salarié, tout en ménageant une souplesse pour l'entreprise.

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