Intervention de Muriel Pénicaud

Réunion du 25 juin 2020 à 15h00
Comment faire face aux difficultés de recrutement des entreprises dans le contexte de forte évolution des métiers — Débat interactif

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Madame la sénatrice Laure Darcos, pourquoi faut-il nous efforcer de réindustrialiser ? Parce qu'un emploi industriel crée quatre emplois. L'une des raisons du fort taux de chômage de la France est que l'on a beaucoup désindustrialisé depuis dix ou quinze ans.

Ce n'est pas une fatalité. Nos voisins et amis allemands, italiens ou des pays nordiques ont moins désindustrialisé, alors qu'ils étaient confrontés aux mêmes difficultés de compétitivité-coût et de délocalisations.

C'est l'un des sujets du pacte productif que j'ai commencé à élaborer avec Bruno Lemaire, pacte qui trouvera sa place dans le plan de relance.

Je vous rejoins sur un point : il y a un paradoxe de la poule et de l'œuf entre les compétences et le développement industriel. Nous avons réformé la formation et l'apprentissage, afin de permettre aux branches et aux entreprises de construire des compétences qu'elles ne trouvent pas. Désormais, elles n'ont plus d'autorisation administrative à demander. Le secteur de l'industrie, qui a été le premier à s'engager dans cette réforme de l'apprentissage, n'est ainsi plus limité.

Tous les grands groupes industriels, ou quasiment, sont en train de développer l'apprentissage, ce qu'ils n'arrivaient pas à faire auparavant, parce qu'ils veulent créer les compétences de demain.

Contrairement à ce que disait M. Tourenne, l'apprentissage n'est pas une formation au rabais. Il permet d'obtenir le même diplôme d'ingénieur, au même niveau intellectuel qu'une formation initiale. Nous faisons le pari de l'investissement dans le capital humain.

Je crois beaucoup à ces universités et ces campus qui mêleront demain – certains le font déjà – des étudiants, des ingénieurs, des apprentis, des élèves, des demandeurs d'emploi et des salariés en formation. Ces campus d'excellence bénéficient du soutien de l'État, mais ils sont souvent d'initiative régionale.

Nous devons aller plus loin dans ce sens, mais cela suppose que nous fassions le pari de l'investissement humain dans les plans d'investissement dans les compétences ; je regrette d'ailleurs que deux régions sur dix-huit n'aient pas souhaité s'associer à cette initiative.

L'apprentissage est une voie formidable. Alors que nous étions depuis toujours à un niveau très bas en la matière, nous sommes en train de regagner du terrain, et je m'en félicite, car l'apprentissage peut contribuer à la fabrication des compétences et assurer un avenir à nos jeunes.

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