Intervention de Muriel Pénicaud

Réunion du 25 juin 2020 à 15h00
Comment faire face aux difficultés de recrutement des entreprises dans le contexte de forte évolution des métiers — Débat interactif

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Madame la sénatrice Victoire Jasmin, l'enjeu en matière de compétences est important partout sur le territoire. Cela étant, dans les outre-mer, il est vrai qu'il est peut-être encore plus important qu'ailleurs, compte tenu des conditions de mobilité.

Il faut que les jeunes puissent se former et, pour ce faire, aller en métropole ou ailleurs s'ils le souhaitent, mais il ne faut pas qu'ils soient obligés de se déplacer pour se former. Surtout, ils doivent pouvoir réutiliser leur formation pour le développement économique des territoires.

C'est dans cet esprit que, dans le cadre du plan d'investissement dans les compétences, nous investirons durant le quinquennat un demi-milliard d'euros pour la formation des jeunes et des demandeurs d'emploi dans les outre-mer. Cet effort correspond à 8, 8 % de l'enveloppe nationale pour une population qui représente une moindre proportion de la population française, un peu plus de 3 %. Il s'agit donc d'un surinvestissement, mais que je crois nécessaire.

Dans cette perspective, il faut évidemment former aux formations immédiatement nécessaires. Vous avez cité l'agriculture, secteur dont les apprentis ont un taux d'embauche exceptionnel, qui s'élève à 80 % ou 90 % à la sortie de leur cursus. Mais encore faut-il attirer les jeunes, et pas seulement des fils et des filles d'agriculteurs. Les filières qui fonctionnent le mieux attirent des jeunes intéressés par le vivant et la nature, qui ont envie d'aller vers ce type de métiers.

Encore faut-il leur offrir cette chance. Cette préoccupation rejoint le sujet de l'orientation, qui doit s'organiser partout sur le territoire. Il faut se montrer résolu, comme nous le faisons actuellement dans le cadre du plan de mobilisation pour l'emploi, que le Président de la République m'a demandé d'animer avec les partenaires sociaux. Nous cherchons à investir d'abord et en priorité dans la jeunesse.

Partout en France, on observe aujourd'hui un afflux de travailleurs détachés. C'est très bien en soi, mais c'est souvent parce que l'on n'a même pas essayé de former nos jeunes. Le travail détaché est un bon complément, une bonne solution de dernier recours quand on n'a pas trouvé les compétences nécessaires.

Toutefois, quand, dix ans de suite, on fait fi des jeunes, en ne leur donnant pas la chance de suivre telle ou telle formation ou d'aller dans telle ou telle filière et que l'on embauche des travailleurs détachés au lieu de prendre des apprentis, on finit par laisser ces jeunes sur le carreau : pour ma part, cela ne me convient pas, et cela fait partie des sujets sur lesquels nous sommes en train de travailler.

Il faut privilégier tout ce qui touche à notre jeunesse, tout ce qui aide les demandeurs d'emploi et nos territoires. En matière de formation, c'est sur ces différents objectifs que l'on doit se concentrer. Le reste est secondaire : on s'en occupera, mais cela vient en plus.

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