Intervention de Muriel Pénicaud

Réunion du 25 juin 2020 à 15h00
Comment faire face aux difficultés de recrutement des entreprises dans le contexte de forte évolution des métiers — Débat interactif

Muriel Pénicaud, ministre du travail :

Monsieur le sénateur Stéphane Piednoir, sans vouloir être provocante, je vous poserai cette question : mais qu'est-ce qui empêche de faire aujourd'hui tout ce que vous décrivez ? Les régions disposent déjà d'une compétence décentralisée en matière de formation des demandeurs d'emploi. Elles disposent déjà de la compétence sur les lycées et de la compétence économique.

Orienter les dispositifs majeurs de formation en fonction des priorités économiques est donc au cœur de leurs missions et de leurs compétences. Rien n'empêche d'engager le mouvement que vous proposez : les régions peuvent d'ores et déjà utiliser ces leviers.

Lorsque l'État intervient, il le fait en tant que partenaire, pour aller plus loin. Dans le cadre du plan d'investissement dans les compétences, l'État n'apporte des moyens supplémentaires qu'en plus de ce que font les régions, parce qu'il faut accélérer la cadence, tant le nombre de jeunes et de demandeurs d'emploi en déshérence est important.

L'État vient en soutien et, comme je l'ai déjà dit, je regrette que certaines régions – deux seulement pour être exacte – n'aient pas voulu s'associer à cette démarche. Dans ces deux régions, nous nous sommes tournés vers Pôle emploi, qui a d'ailleurs très bien fait le travail et obtenu de bons résultats en termes d'insertion professionnelle.

Aujourd'hui, les leviers et les compétences existent. La question est de savoir comment on s'en empare. Certaines régions sont très innovantes dans ce domaine et mènent de nombreuses actions. Le bilan est bien sûr très inégal sur le territoire national, mais les territoires sont différents – c'est justement l'un des avantages de la décentralisation, me direz-vous, que de les différencier nettement.

Aujourd'hui, c'est un peu comme si vous réclamiez une compétence que les régions ont déjà. Personnellement, je suis toujours partante pour que l'on travaille ensemble. Certains présidents de région réunissent d'ailleurs les acteurs économiques et choisissent les filières qu'ils veulent développer : ils ont aujourd'hui les moyens financiers et les compétences pour le faire. Alors, oui, banco, chiche : travaillons ensemble ! Mais, je le répète, la décentralisation existe déjà…

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