Nous accueillons aujourd'hui, dans le cadre du cycle d'auditions sur l'ancrage territorial de la sécurité intérieure, M. Frédéric Rose, préfet, secrétaire général du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), qui succède dans ces fonctions à Mme Muriel Domenach, avec laquelle M. Carvounas et moi-même avions travaillé en 2017, lorsque nous préparions notre rapport sur la prévention de la radicalisation islamiste. De même, nous auditionnerons le nouveau directeur général de la police nationale dès que possible. J'ai souhaité que cette audition soit ouverte aux membres de la commission des Lois. Elle fait l'objet d'une captation vidéo retransmise en direct sur le site internet du Sénat et consultable en vidéo à la demande.
Le rapport que nous avons publié en 2017 a eu des échos. Nous formulions une vingtaine de recommandations, dont un certain nombre ont été intégrées au plan d'action contre la radicalisation du 23 février 2018. J'avais d'ailleurs apprécié que Mme Domenach vienne me voir dans la phase de finalisation du ce plan. Par ailleurs, à la mi-octobre 2019, vous vous en souvenez, je m'étais publiquement ému, au nom de notre délégation, que le Gouvernement n'ait toujours pas remplacé Mme Domenach.
Votre nomination, le 21octobre 2019, a donc été une bonne nouvelle. Vous connaissez le terrain. Après un passage dans la magistrature, vous avez été sous-préfet en Vendée, dans le Finistère et en Haute-Garonne et à la préfecture de police à Paris. En juillet 2018, vous avez été chargé de la déclinaison territoriale du plan national de prévention de la radicalisation, auprès du secrétaire général du ministère de l'Intérieur. Cette expérience variée vous sera sûrement utile.
J'appartiens à la génération des élus locaux qui ont, avec l'État, co-construit, au long cours, les politiques partenariales de prévention de la radicalisation et, plus généralement, de sécurité. La réalité du terrain, et l'impulsion de ministres de l'intérieur successifs, de quelque bord politique qu'ils soient, nous a conduits à bâtir une démarche qui a fait ses preuves. Le maître-mot, à cet égard, est la confiance - qui prend des années à bâtir, avec l'État, les préfets, les sous-préfets, la police nationale, la gendarmerie, etc. Mais aussi avec l'Éducation nationale : l'école est un sanctuaire, qui doit être préservé. Une fois que les partenariats sont constitués, et que tous travaillent ensemble, dans le respect des compétences respectives, et notamment de la séparation des pouvoirs, se développe un climat permettant de mettre en oeuvre un principe de secret partagé, qui permet d'évoquer réellement des cas concrets lors de réunions restreintes. Sur ce sujet particulier, en effet, les territoires sont souvent en manque d'informations et de partenariats, alors qu'ils savent des choses - même s'ils n'ont pas vocation à tout savoir. De tels partenariats sont bénéfiques à tous. Bref, les modalités d'association des territoires nous intéressent. Où en est la stratégie nationale ? S'est-elle actualisée ?
Avant de vous donner la parole, je salue la présence de M. Philippe Pemezec, sénateur des Hauts-de-Seine, qui remplace M. Bruno Gilles au sein de notre délégation et lui souhaite la bienvenue.