Monsieur le président du Sénat, mesdames, messieurs les sénateurs, madame la sénatrice de Lozère, chère Guylène Pantel, monsieur le maire de Mende, cher Laurent, madame la présidente du département, mesdames, messieurs les membres de la famille, vous l’avez rappelé, monsieur le président, nous étions présents, avec la présidente Primas, avec le président Requier et avec de très nombreux autres élus, le 6 mars dernier, pour rendre un dernier hommage à Alain Bertrand.
Nous étions entourés de sa famille, de nombreux Mendois et Mendoises et de nombreux Lozériens et Lozériennes – celles et ceux qu’Alain Bertrand appelait les « vraies gens » et qui le rapprochaient de cette vie qu’il aimait tant –, pour rendre hommage à un élu de la Nation, à un républicain atypique et attachant, à un homme, tout simplement.
Le Gouvernement s’associe à l’hommage que vous venez de lui rendre, monsieur le président, un hommage – cela n’étonnera personne – plein de sincérité, d’amitié et de vérité.
Alain Bertrand nous a quittés au moment où la France et le monde entraient de manière inédite en confinement. Je m’imagine parfois comment Alain Bertrand, cet homme de dialogue et d’ouverture, aurait pu traverser cette période de deux mois et demi, lui qui ne vivait jamais aussi bien que dehors, au bord des cours d’eau, dans la forêt ou dans la montagne… Je me plais à penser que le bon sens qui le caractérisait nous aurait montré la voie, sans perdre de vue l’essentiel. Et l’essentiel, pour ce genre d’homme, c’est de savoir d’où l’on vient, pour comprendre où l’on va.
Tarnais comme Jean Jaurès, que vous avez cité, monsieur le président, Alain Bertrand découvre la Lozère à l’occasion d’un séjour de pêche avec son frère. Il tombe immédiatement et irrémédiablement amoureux de ce territoire dans lequel il va désormais puiser sa force.
Peu le savent : en 1983, alors que l’ENA lui tend les bras après sa réussite au concours d’entrée, il n’écoute que son cœur et devient inspecteur des impôts à Marvejols. Pour lui, les choses sont claires : aucun poste de haut fonctionnaire ne saurait être une source de bonheur équivalente à une vie en Lozère. Il s’y établira et ne la quittera plus.
Alain Bertrand fait de ce département son terrain de jeu et son terrain d’engagement politique. Il aimait raconter que, à la sortie d’une réunion publique, à Mende, il s’était précipité dans une cabine téléphonique pour appeler son père et lui dire : « J’ai rencontré un véritable leader politique, un visionnaire érudit d’une intelligence rare. Il voit loin et juste, et il est Tarnais ». Cet homme, c’était Georges Frêche, avec lequel il siégera au conseil régional et dont il deviendra un ami et un fidèle, avec notre ancien et regretté collègue, Christian Bourquin.
Je ne reviendrai pas sur son parcours politique, long et difficile dans cette terre lozérienne – vous l’avez très bien fait, monsieur le président –, mais je retiendrai deux événements.
Tout d’abord, le courage et la ténacité dont il fit preuve pour devenir maire de Mende en 2008. Une élection difficile, une victoire historique, une confiance renouvelée par ses amis administrés et un acquis solide revendiqué par l’actuelle équipe municipale, qui poursuit son œuvre – je veux saluer Laurent Suau, son successeur à la mairie de Mende, réélu dès le premier tour.
Ensuite, bien évidemment, sa bataille homérique pour le siège de sénateur face à Jacques Blanc. Pensez donc : ces deux hommes du terroir lancés face à face. Une bataille frontale d’hommes rusés, d’hommes forts, d’hommes aux forts accents. Âmes sensibles s’abstenir !